WAILLE Isaac 1820-1878

Isaac WAILLE naît le 24 décembre 1820 à Besançon. Il meurt le 28 avril 1878 à Besançon. Fils de David WAILLE, marchand, 42 ans, et de Caroline GRELSHEILMER, 25 ans, son épouse. Le père est né à Uttenheim (Bas-Rhin). Il meurt le 11 octobre 1868 à Besançon. Son acte de décès lui donne 80 ans en 1868, l’acte de naissance d’Isaac 42 ans en 1820. La mère est née le 15 frimaire an 6 (5 décembre 1797) à Biesheim (Haut-Rhin) ; sa mère meurt le lendemain. Elle meurt le 13 mars 1876 à Besançon, âgée de 82 ans. Son acte de naissance la nomme Scheijen Greilsamer et son acte de décès Catherine Greilsammer. Son acte de décès lui donne 82 ans en 1876, l’acte de naissance d’Isaac 25 ans en 1820. Ils se marient le 25 mai 1813 à Biesheim. Sur l’acte de mariage, l’époux est David Weyl, négociant, 23 ans, et l’épouse est Catherine Greilsammer, 19 ans.

Cinq sœurs. Virginie, née le 27 septembre 1822 à Besançon. Décédée le 22 novembre 1834 à Besançon. Judith, née le 25 avril 1824 à Besançon. Épouse Nathan Bloch le 22 octobre 1840 à Besançon. Décédée le 23 juillet 1891 à Besançon. Nathan Bloch, né en 1809 à Hagenthal-le-Haut (Haut-Rhin). Marchand. Décédé en 1854 à Besançon. Six filles. L’aînée, Eugénie, 1842-1893. La suivante meurt dans sa 5e année, et les autres dans leur 1ère année. Une fille d’un premier mariage de Nathan Bloch est morte dans sa 3e année, en 1841. Marianne, née le 3 avril 1826 à Besançon. Modiste. Célibataire. Décédée le 25 octobre 1847 à Besançon (l’acte de décès indique que le père est colporteur). Déclarée à la naissance comme Marie-Anne, fille de David Vaille, 37 ans, né à Ottenheim, et de Caroline Chereildesheimer, 29 ans, née à Pisheim. Ernestine, née le 24 décembre 1828 à Besançon. Horlogère. Décédée le 16 avril 1893 à Besançon. Clémence, née le 7 avril 1831 à Besançon. Épouse Benoit Dreyfus le 11 mai 1857 à Besançon. Vivante en 1911. Benoit Dreyfus, né le 8 juillet 1814 à Besançon. Fabricant d’horlogerie. Décédé le 13 mai 1876 à Besançon. Leur fille Treinel Louise, né le 27 février 1858 à Besançon, épouse Armand Lévy le 18 mai 1880 à Besançon. Elle meurt le 5 juillet 1882 à Troyes. Armand Lévy, né le 24 août 1845 à Metz. Lycée de Metz. ENS 1868 (classé 17e, entré 7e). Chargé de cours de physique aux lycées de Bourg (1872), Orléans (1873) et Niort (1874). Agrégé de physique (1875). Professeur de physique en math spé aux lycées de Lorient (1875) et Troyes (janvier 1878). Professeur de physique (math élém, parfois Cyr) aux lycées de Bordeaux (1886), Poitiers (1887) et Alençon (1891) au lycée d’Alençon. Congés à partir de juin 1901. Retraite en février 1902. Décédé en 1929. Sa mutation de 1886 fait suite, entre autres, à un long rapport du recteur (mars 1886) qui s’étend longuement sur les activités annexes et très rémunératrices de Lévy : cours de chimie aux ouvriers pour le compte de la Chambre de Commerce (suivi par quelques élèves du primaire), cours de physique et chimie pour l’enseignement secondaire des jeunes, filles, conférences à l’association polytechnique. Il est par ailleurs membre du Conseil académique et du jury de l’enseignement secondaire spécial et surtout, depuis 1884, adjoint au maire (radical) de Troyes, lequel « ne verrait aucun inconvénient » à l’éloignement d’un adjoint brouillon et inefficace. Ces multiples occupations ont des conséquences sur le travail du professeur, dont les quelques élèves (de 3 à 6), par ailleurs mécontents de leur prof de maths (Mangeot), se plaignent. Muté en 1866 à Bordeaux malgré ses protestations et le soutien de Clemenceau, envoyé un an plus tard à Poitiers parce qu’il n’était pas capable de tenir sa classe de Cyr (63 élèves) de Bordeaux, il y reste 4 ans (IG Fernet, juin 89 : « Il n’y a pas lieu de songer à un nouveau déplacement ; les résultats seraient certainement les mêmes partout ailleurs ») avant d’être envoyé à Alençon, où ses 2 classes de math élém et de philo ne dépasseront guère les 5 élèves (chacune).

Célibataire. Études secondaires au collège royal de Besançon. Élève de spéciales au collège de Besançon. Classe de Delly. Admis à l’ENS en 1839 (2e admissible, 7e admis sur 14). Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 mars 2017

Les 6 premiers sont à bourse entière, les suivants, dont Waille, à demie bourse. Passé à la 3e place en 2e année puis en 3e année, il touche une bourse entière.

Agrégé de mathématiques en 1842 (4e sur 5).

Carrière. Élève à l’ENS. Professeur de math spé au collège royal d’Avignon.

02-10-1839 27-09-1842 (succède à Bernard)

Lettre du recteur Nicot au ministre, janvier 1844 : « Vous craignez que la qualité d’Israélite de ce jeune fonctionnaire n’ajoute aux injustes répulsions du clergé et à l’espèce de discrédit qui depuis trop longtemps pèse sur ce collège. Comme vous, Monsieur le Ministre, j’ai eu cette appréhension. Mais [anecdotes] mes préventions ont été entièrement dissipées, disons mieux mes scrupules vaincus. » Proviseur, 1845 : « M. Waille est un jeune homme de mœurs douces et de manières agréables, généralement raisonnable, quoiqu’un peu jeune et un peu enfant. Mais il s’est un peu fourvoyé. Le refus qu’il a essuyé relativement à une place de professeur de mathématiques au Collège Royal de Besançon l’a mis dans un état de colère habituel. Comme il attribue ce refus à sa qualité d’Israélite, il est exaspéré contre le catholicisme et tout ce qui y tient. Il n’a pas manqué de prendre chaudement parti contre l’archevêque. Le prélat il faut l’avouer mérite bien d’être blâmé, mais M. Waille devrait le faire avec mesure, et mieux ne pas le faire du tout précisément parce qu’il est juif. Du reste M. Waille est un esprit distingué et nous ne pouvons pas espérer avoir mieux que lui à Avignon pour les mathématiques spéciales. » 2 élèves en 44-45.

Professeur de math spé au collège royal de Lille.

26-09-1845 (emploi créé)

Ordonnance du Roi, 11 juin 1845, article 1 : « Le collège communal de Lille est déclaré collège royal, et il jouira de tous les avantages attribués aux établissements de cet ordre. » Effectif : pas d’élève de math spé en 45-46 (il enseigne les math élém à 10 élèves), 4 en 46-47. 3 élèves en 47-48. IG : « Le 1er élève est assez bon, le second n’a suivi qu’une partie des cours et le 3e est très faible. »

Professeur de math spé au lycée de Nancy.

02-10-1848 (succède à Percin)

Les math spé sont rebaptisées math sup de 1847 à 1852. IG, 1849, classe de 5 élèves : « La classe comptait au commencement de l’année 15 élèves. L’un d’eux, le meilleur, est mort. D’autres ont quitté le lycée. D’autres enfin, trop faibles, sont descendus dans le cours d’élémentaires. Le 5e élève actuel n’est à Nancy que depuis Pâques. Les deux premiers sont assez bons ; ni l’un ni l’autre n’est un élève distingué. » Les 6 premières années, outre sa classe de spéciales de 3 à 7 élèves, il est chargé d’un cours de cosmographie ou d’algèbre pour des élèves plus jeunes. Un IG écrit en 19512 que « plusieurs de ses élèves ont été admis à [l’X] ou à l’école forestière ». Effectif : 3 en 53 (= 52-53), 4 en 54 (dont 3 nouveaux ; 2 admis à l’X, dont Julien Aron, classé 18e à l’X et 4e à l’ENS, qui choisit l’ENS), 9 en 55, 11 en 56, 13 en 57 (dont Barré, 1er à l’X), 17 en 58. L’IG Rollier écrit en 58 que chaque année un de ses élèves entre à l’X après une seule année de spéciales, et que les vétérans préfèrent rester à Nancy plutôt que de redoubler à Paris. En 1858-59, 20 élèves, 1 ENS (Sonrel) et 3 X. Puis 27 élèves en 60-61, 37 en 61-62. L’effectif se stabilise alors autour de 35, ne redescend qu’en 67-68 à 22 et en 68-69 à 27. En 1865, il a 12 admissibles à l’X dont 8 reçus. En 1866, 5 admis à l’X (dont Renard, le créateur de la « série de Renard » ; 11 admissibles), 3 à l’ENS (4 admissibles ; 1 entrant, Bichat), 6 à Centrale ; 1er prix du concours général de maths des départements (Renard) ; Renard, 38e à l’X et 4e à l’ENS, choisit l’X. En 21 ans, il a 80 élèves admis à l’X, dont 15 après une seule année de spéciales. Le major en 1857, le premier au classement de sortie en 1867 et 1869. IG Vieille (1867) : « Il est dommage qu’avec une aptitude mathématique incomparable, M. Waille ait négligé le doctorat et n’ait publié aucun travail scientifique. » Une classe à Paris pourrait être envisagée pour quelques années (en 1856, il avait demandé Henri IV, attribué à B. Amiot).

En congé d’inactivité à partir du 11 octobre 1869. Il se dit fatigué, et demande un congé d’inactivité qui lui est accordé pour 1869-70, avec un traitement annuel de 1200 francs (il en gagnait 5000, avec des heures supplémentaires et des conférences), égal à la moitié du traitement fixe. Il proteste : le professeur de math élém, en congé, en reçoit 2400. On ignore la réponse. Son congé d’inactivité est prolongé. Un certificat médical du 24 octobre 1871 (« affection du larynx et des bronches à laquelle s’adjoint une gastro-entéralgie sébacée, contractées par suite d’un enseignement prolongé »), confirmé par un autre certificat du 25, lui permet d’obtenir sa mise à la retraite dès le 1er octobre.

Admis à la retraite « pour cause d’infirmités » le 1er octobre 1871 (arrêté du 28 septembre). Ancienneté 31 ans, 11 mois et 27 jours. Pension annuelle de 2913 francs. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 mars 2017

Depuis le début de son congé (1869), il vit à Besançon, 9 rue du Lycée. « Il fut l’âme du comité bisontin qui s’occupa de secourir les exilés de l’Alsace-Lorraine » (Castan).

Élu le 11 mai 1872 à la Société d’émulation du Doubs. Publications. Nouvelles Annales de mathématiques. « Sur la distance d’un point à une droite », 1873, p.269-270. « Génération des lignes et des surfaces du second degré, d’après Jacobi », 1875, p.5-21 Mémoires de la Société d’émulation du Doubs. « Note sur les normales à l’ellipse et sur deux cas particuliers de l’équation du 4e degré », 1873, p.52-66. « Génération des lignes et des surfaces du second degré, d’après Jacobi », 1874, p.123-164. « Table générale des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs (1841-1875) », 1875, p.607670. « Note sur l'emploi des quantités négatives en trigonométrie », 1876, p.33-48. Tiré à part, Besançon, 1876, 16 p. « Table servant à calculer la longueur d’une ellipse », 1878, p.504-508.

Sources. Dossier Isaac Waille, F/17/21022, aux Archives nationales. Dossier Légion d’honneur (chevalier 1862) aux Archives nationales. La date 1862 figurant sur le dossier (une page) est douteuse. D’après son dossier de carrière, ce serait 1866.

Nécrologie normalienne par Antoine Tivier (ENS lettres 1843). 1879. Antoine Tivier, 1824-1913. Professeur de littérature française de 1873 à 1888 (retraite) à la faculté des lettres de Besançon, doyen à partir de 1876.

Nécrologie par A. Castan, Mémoires de la Société d’émulation du Doubs (1878), Besançon, 1879, p.XX-XXII. Prononcée dans la séance du 18 mai 1878.

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 mars 2017