PAOLI Jean 1867-1946.

Jean Gabriel Baptiste Honoré Mirabeau PAOLI naît le 12 septembre 1867 à Fozzano (Corse ; auj. Corse du Sud). Il meurt en 1946. Fils de François Xavier Mathieu PAOLI et de Marie Roselinde PANZANI. Le père est né le 29 septembre 1823 à Fozzano. Il est propriétaire. Décédé le 10 mars 1869 à Fozzano. La mère est née le 15 décembre 1835 à Altagène (Corse ; auj. Corse du Sud). En 1887, elle vit à Fozzano. Ils se sont mariés le 25 septembre 1856 à Altagène.

Frères et sœurs. Dans la lettre du 5 juin 1899 citée plus loin, il mentionne « un frère professeur au lycée de La Pointe-à-Pitre qui a pu m’aider financièrement à diverses reprises » mais a dû rentrer en France 2 mois plus tôt pour raisons de santé.

Paoli et Ling © Bibl. Lettres et Sc. humaines ENS

Prénom inconnu. Licencié ès lettres, répétiteur au lycée de Toulon. Chargé de cours de grammaire au lycée de La Pointe-à-Pitre le 16 janvier 1892. Chargé de cours de 4e au lycée de Gap le 14 août 1897. Chargé de cours de 5e au lycée de La Pointe-à-Pitre le 26 février 1898 ; il y est toujours en mai 1900 (chargé de seconde). Puis on perd sa trace.

Mariage avec Marie Adrienne BOURGEAT le 11 avril 1925 à Annonay (Ardèche). L’épouse est née le 7 octobre 1882 à Saint-Étienne. Fille de Claude BOURGEAT, 35 ans, employé, et d’Antoinette BLANCHARD, 24 ans, surdisseuse, son épouse. Décédée le 21 février 1964 à Cognin-lesGorges (Isère).

Pas d’enfant. Études au collège d’Ajaccio jusqu’en 1884. Bachelier ès sciences en juin 1884 à Marseille.

Élève de math élém en 1884-85 au lycée Saint-Louis. Dans la classe de math élém préparant aux spéciales. Prof de maths : Tartinville (ENS 1868). 1er accessit d’excellence, 2e prix de maths, 5e accessit de physique et chimie.

Élève de spéciales en 1885-86 et 1886-87 au lycée Saint-Louis. Classe d’É. Lucas (ENS 1861)

1886 : 5e accessit de géométrie analytique et algèbre. 1887 : 3e accessit d’excellence, 4e acc. de géométrie analytique et algèbre, 2e acc. de physique, 2e prix de chimie.

Admis à l’ENS en 1887 (15e au concours, 14e entrant sur 18). Agrégé de mathématiques en 1892 (5e sur 12). Non admissible en 1890 (28e sur 82 à l’écrit ; il y a 16 admissibles) et 1891.

Carrière. Élève à l’ENS. À titre provisoire, chargé de cours de maths au lycée de Moulins.

01-08-1887. 20-10-1890

Mathématiques préparatoires (6 puis 5 élèves). Pour des raisons de santé, il demande Tunis.

Professeur de math élém au lycée de Nice.

29-08-1892

Math élém et philo (17 et 5 élèves). Proviseur, avril 1893 : « Caractère oblique et prétentieux ; fait des cours savants, trop savants peutêtre pour quelques-uns de ses élèves. […] A des dettes criantes. » Il demande son départ. IG Pruvost, mai 1893 : « Cette leçon a été faite avec beaucoup de prétention, mais sans beaucoup de méthode. […] Il a laissé des dettes à Moulins et en a contracté de nouvelles à Nice.»

Professeur de math élém (Cyr) au lycée de Châteauroux.

24-08-1893

Math élém et seconde (7 et 29élèves). IG Pruvost, avril 1894 : « M. Paoli est un professeur intelligent qui arrivera à bien enseigner quand il sera devenu plus modeste et moins instable. » Le proviseur lui a évité une saisie de son traitement.

Professeur de maths au lycée du Puy.

18-06-1894

Congé jusqu’à la fin de l’année scolaire 93-94 (28-06-94). Arrêté rapporté le 23-07.

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 août 2016

Professeur de maths (Cyr) au lycée de Caen.

17-11-1894

Effectif : 22 élèves (7 admis), 20. IG Pruvost, mars 1895 : « En résumé M. Paoli est un professeur instruit et intelligent. […] J’espère que M. Paoli est aujourd’hui complètement sauvé et j’en ressens une grande satisfaction. »

Suspendu de ses fonctions par le ministre de l’IP.

14-09-1896

Pour dettes et escroqueries (des plaintes seront déposées le mois suivant par des créanciers) et absences irrégulières sous de faux prétextes, le ministre suspend Paoli et le renvoie devant le Conseil académique de l’Académie de Caen La commission de discipline constituée au scrutin secret par le Conseil propose la révocation de Paoli. Le 21 novembre, le Conseil académique décide à plus des deux tiers des voix la peine de retrait d’emploi, exécutoire nonobstant appel. Paoli fait appel devant le Conseil supérieur de l’IP, lequel le 16 janvier 1897 confirme le retrait d’emploi. En octobre 1897, il demande sa réintégration, qui est refusée. Le 5 juin 1899, il écrit au ministère : « Depuis que je n’appartiens plus à l’Université, la fortune ne ‘a pas souri un instant. On a exploité la nécessité où je me trouvais d’accepter des cours et des leçons à n’importe quelles conditions. J’ai été traité sans égard, à la merci des mouvements d’humeur d’un chef d’institution. Malgré ce souci constant du lendemain, j’ai pu travailler cependant. » Il mentionne sa collaboration à la RMS et un projet de thèse avec le soutien d’Appell. Il demande un secours de 200 francs, qui semble lui avoir été accordé. Le 7 septembre, Appell demande qu’un poste lui soit donné, ainsi que des secours (il est « dans une situation voisine de la misère »). De nouveaux secours de 100 ou 200 francs lui sont accordés en septembre, décembre et janvier.

Délégué jusqu’à la fin de l’année scolaire dans les fonctions de professeur de maths au lycée de Bastia. 23-01-1900 Professeur de maths (Cyr) au lycée de Bastia. 12-09-1902 Effectif : 9 (1 admis), 8, 10, 12. Vice-recteur, avril 1902 : « M. Paoli bien revenu à résipiscence aurait une attitude plus modeste, chercherait moins les succès mondains et ne s’exposerait pas à se voir éconduire à la veille de ses fiançailles sur le bruit qu’il est déjà fiancé ailleurs. Il y a toujours quelque chose d’inquiétant dans la manière d’être de cet homme de plus d’intelligence que de volonté ou de sens moral. » Ce vicerecteur, alors IA à Nice, avait écrit en mai 1893 : « Il semble qu’il vaille moins par le caractère que par le talent. » Le recteur et les IG Pruvost et Poincaré sont beaucoup moins réservés. Le proviseur est chaleureux. Un journal socialiste local (non identifié) salue sa nomination à Saint-Étienne : « à Bastia, en dehors de sa classe, il a fait de la très bonne besogne républicaine. »

Professeur de maths (Mineurs) au lycée de Saint-Étienne.

21-12-1903 (emploi nouveau)

Camman, puis Mesuret, ont refusé le poste. Jusqu’en 1909, la division C, une nouvelle classe, la 3e et semble-t-il la moins bonne de celles qui préparent au concours. Il gagne 3500 + 500 (agrég) par an, plus les HS (7 ou 8). Effectif 1903-1909 : 29 (1 admis), 39, 25, 29, 28, 25 Un rapport du proviseur du 7 février 1906 signale qu’il n’a rendu aucun devoir depuis la rentrée. .Il est par ailleurs souvent absent sans justification. Deux nouvelles dettes de 1800 et 5320 francs (plus frais et intérêts) inquiètent l’administration en mars 1904. IG Combette, février 1908 : « Professeur distingué, parle clair, exposé précis [ ?], interroge très bien, paraît avoir une grande valeur. Malheureusement, son dévouement, l’an passé, a été faible : la correction des devoirs laissait à désirer, il ne s’intéressait pas suffisamment au succès des élèves. Il fait mieux cette année. Célibataire, M. P. a de nombreuses dettes dont le total signalé au lycée dépasse 16000 francs ; ses émoluments sont saisis. Il a fait de la politique militante, présidant des réunions populaires et faisant une grave opposition au vicaire de Saint-Étienne. Après mes observations, M. P. m’a exprimé le désir de changer de résidence. » Les reproches se font ensuite plus rares. En 1909, sa division C est supprimée. Il succède à Ouivet dans la division B. Effectif 1909-1914 : 27 (3 admis), 22, 19, 26 (6 admis), 27. Proviseur, mars 1910 : « Esprit fin. Professeur de valeur. […] Malheureusement s’occupe de politique et se trouve ainsi porté à négliger ses devoirs professionnels. » En 1910 ou 1911, il cesse d’appartenir au conseil municipal et s’occupe beaucoup moins de politique.

Professeur de math spé au lycée d’Alger.

11-07-1914 (succède à E. Sauvage)

Effectif : 20, 15, 34, 38, 37, 47, 37, 37, 32, 32. Weckel 5e à l’ENS en 1921 (17e à l’X, il choisit l’X). Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 août 2016

IG Blutel, mai 1919 : « Tout en ne le mettant pas dans les premiers rangs de professeurs de spéciales, je n’aurais pas d’objection à faire à sa candidature au poste de Marseille si cette classe ne devait, à mon avis, être donnée à un des grands blessés de la guerre. » IA, juin 1919 : « Il s’arrange pour faire profiter les élèves même de ses défauts. », IG Marijon, mai 1922 : M. Paoli est conseiller municipal d’Alger. Les succès constants de sa classe prouvent que son action à l’hôtel de ville ne nuit nullement à son activité au lycée. » Proviseur, février 1924 : « Il est possible que, par des procédés plus terre-à-terre, on puisse augmenter le nombre des élèves reçus mais ce serait au détriment de leur culture mathématique. Je ne le souhaite pas. »

Professeur de math spé au lycée de Marseille.

20-08-1924 (succède à Desouches)

Effectif : 47, 48, 61 (12 admis à l’X, dont le 1er, Borgeaud), 54, 59 en 28-29 (14 X), 70 (dont 1 JF ; « sans apparence de fatigue », écrit le proviseur), 67 (dont 3 JF) en 30-31. Borgeaud 1er à l’X en 1927, Arribat 6e en 1932. ENS : 2 entrés en 1925 (Brille 4e, Santon 10e), 0 en 1926, 1 en 1927 (Brun 3e), 1 en 1928 (Thouvenin 9e), 1 en 1929 (Ville 1er), 0 en 1930, 1 en 1931 (Eger 11e), 1 en 1932 (Costabel 11e). Proviseur, février 1925 : « Professeur d’une haute valeur. Entraîne supérieurement ses élèves. Obtiendra de brillants résultas. Mais je n’ai jamais trouvé un collaborateur aussi pénible. Cherche des difficultés pour tout. » Les années suivantes, le même proviseur puis son successeur seront élogieux, sans réserves. IA, février 1925 : « Commence à faire parler de lui dans les milieux politiques. » IG Blutel, novembre 1925 : « On ne peut imaginer méthode plus dogmatique. Le caractère du maître s’y révèle tout entier. La classe se soumet sans résister et les résultats aux examens récompensent largement cette soumission. » IG Tresse, février 1931 : « M. Paoli est à la fois un éducateur et un caractère […]. Il contribue à faire du lycée Thiers l’émule des meilleurs lycées de la capitale. Lui-même doit être placé sur le même rang que ses collègues de Paris. […] Je connais M. Paoli de longue date ; je sais quels furent ses écarts de jeunesse, mais je sais aussi combien il les a douloureusement expiés, puis combien toute son attitude, sa tenue, son action de professeur, appellent le pardon, l’oubli, la réparation. »

« Admis, sur sa demande et pour ancienneté d’âge et de services, à faire valoir ses droits à une pension de retraite à dater du 12 septembre 1932 (arrêté du 31-12-1931). Ancienneté : 46 ans, 5 mois et 2 jours.

Conseiller municipal à Saint-Étienne. Quoique socialiste, il s’oppose en 1905 au député socialiste Charpentier, qui sera pourtant réélu en 1906. Candidat du parti socialiste unifié aux élections municipales de mai 1908, il « se fait remarquer dans les réunions publiques par ses violentes attaques contre le gouvernement » (préfet de la Loire, 30 avril). Alors que le maire sortant était socialiste, il est le seul socialiste lu dans le nouveau conseil. Le 22 mars 1909, il préside un meeting auquel participent Jaurès, Vaillant et Renaudel. Il cesse d’être conseiller municipal en novembre 1910, en raison de la démission collective du conseil. Candidat aux élections cantonales des 24 et 31 juillet 1910, il obtient 863 voix au premier tour et 2207 au ballottage ; il est battu.

Conseiller municipal à Alger Socialiste (SFIO), élu le 16 janvier 1921, au scrutin de ballottage pour remplacer Lematte, professeur d’anglais au lycée d’Alger et conseiller municipal, assassiné le 22 février par des voyous. Son nom apparaît pour la dernière fois, semble-t-il, à la séance du 6 juin 1924. Il présente une motion soutenant la majorité élue aux législatives de mai 1924 (le Cartel des gauches). Sa motion obtient 8 voix (dont celle du maire, Raffi) et est repoussée au nom de l’apolitisme du Conseil (9 contre, 8 abstentions).

Membre éphémère de l’UPS (Union des professeurs de spéciales, créée en 1927) dès l’année de sa création. Il est un des 14 participants à l’AG du 30 juillet 1928 au lycée Louis-le-Grand. Proposé par l’AG comme candidat au Comité de l’UPS pour 1928-29 (Bulletin de l’UPS, octobre 1928, p.28, et décembre 1928, p.18), dans une liste de 6 noms pour 4 places de mathématiciens, il obtient une voix (48 votants). Il démissionne le 23 décembre 1928, juste après le vote (par correspondance). On lit dans le Bulletin de l’UPS de février 1929, p.9 : « Malgré une démarche pressante du Président, il n’a pas voulu revenir sur une décision dont il ne nous a pas donné les motifs. »

Publications. Revue de mathématiques spéciales. « Sur le théorème de Joachimstal », t.4 (mai 1898), p.482-483. « Note sur un complexe du second ordre », t.5 (février 1899), p.113-116. « Sur l’abaissement des équations réciproques. Explication d’un artifice. », t.5 (août 1899), p.268269. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 août 2016

« Sur une définition commune aux trois courbes du second degré », t.5 (décembre 1899), p.377-378. « Construction du degré de la circonférence de cercle », t.5 (décembre 1899), p.378-379. Corrigé du problème du concours général de math spé de 1899, t.5 (décembre 1899), p.379-383. Corrigé d’une question du concours ENS 1899, t.5 (février 1900), p.437-438. Voir aussi dans le tome 5, p.113, 268, 370. « Fonctions (1 + 1/n)n et (1 + 1/n)n+1 du nombre naturel n », t.22 (mars 1939).

Nouvelles annales de mathématiques. « La limite de (1+x/m)m établie par un procédé de démonstration élémentaire », 1923, p.47-50.

Sources Dossier de carrière, F/17/24212, aux Archives nationales. Dossier Légion d’honneur (chevalier 1932) aux Archives nationales.

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 août 2016