LAROCQUE Louis Eugène 1839-1910
Louis Eugène LAROCQUE naît le 24 septembre 1838 à La Rochefoucauld (Charente). Il meurt le 5 avril 1910 à Nantes. Inhumé à Aigre (Charente), dont Loosen fait à tort sa ville natale.
En 1ère et en 3e année d’ENS. – © Bibl. Lettres et Sc. humaines ENS
Fils de Jean LAROCQUE et de Geneviève Julie DELHOMME, son épouse. Le père naît Jean Laroque (sic) le 25 juin 1806 à La Rochefoucauld, où son père est sellier. Il enseigne dans divers établissements privés ou publics de 1828 à 1834, avant d’exercer comme régent de mathématiques au collège de La Rochefoucauld où, de 1834 à 1845, il enseigne selon les années la rhétorique ou les mathématiques. Régent au collège de La Réole (Gironde) de 1845 à 1847, puis en congés pour raisons de santé pendant un an, enfin pendant six mois régent à Marmande (Lot-etGaronne), d’où il est éloigné en juin 1849 « pour causes politiques ». Les dites causes ne sont pas très claires : républicain exalté en 1849, partisan tout aussi exalté du prince-président en décembre 1849 puis de l’Empereur en décembre 1852, il est aussi fortement soupçonné d’avoir « le défaut d’aimer à boire », comme le rappellera en 1861 le Recteur de l’académie de Poitiers. Il travaille encore pendant douze ans en donnant des cours dans des pensions et des leçons particulières. En 1861, il demande à faire valoir ses droits à la retraite, et il obtient satisfaction en 1863. La mère est née le 2 novembre 1811 à Aigre. En 1835, elle est maîtresse de pension à Aigre, elle vit chez ses parents ; son père est négociant. Séparée de son mari (en 1845, semble-t-il), élève seule leurs deux enfants. Elle créée à Aigre une institution pour jeunes filles qui acquiert une grande renommée. Ils se sont mariés en juin 1835 à Aigre. Le nom de l’époux est toujours orthographié Laroque.
Un frère. Jean Baptiste, dit Jean, né le 20 juin 1836 à La Rochefoucauld. Dit aussi Larocque Junior. Installé à Paris, il se consacre d’abord à la poésie, tout en étant expéditionnaire dans un ministère ou professeur libre de grec et de mathématiques et traducteur du grec. Membre de la Garde Nationale, il soutient la Commune en en réprouvant les excès ; il n’y joue d’ailleurs qu’un rôle effacé. Réfugié en Angleterre, il est condamné par contumace en 1873 à la déportation dans une enceinte fortifiée, et amnistié en 1879. Il déclarera avoir « toujours été conservateur en politique », et évoluera vers le bonapartisme. Le 29 juillet 1885, le Figaro publie une lettre dans laquelle Jean Larocque, « ancien professeur de mythologie comparée à la salle Gerson » (donc à la Sorbonne ; il se vante), déclare « n’avoir point l’honneur d’appartenir à la Ligue des patriotes » de Déroulède. À partir de 1887, il publie Les Voluptueuses, série de dix romans (Isey, Viviane, Odile, Fausta, …) où une intrigue amoureuse légère mêlée de considérations politiques et morales est enrichie de scènes scabreuses (saphisme, masturbation, fellation, …), avec utilisation de l’argot. Condamné le 28 mars 1890 à 3 mois de prison et 10 francs d’amende pour « outrage aux bonnes mœurs par la publication ou la vente de livres à dessins obscènes » (ces dessins sont ceux des couvertures) et le lendemain, pour une autre publication, à 1 mois et 500 francs ; son éditeur rompt son contrat. Atteint en prison de « folie et paralysie générale », il est interné en asile psychiatrique, où il meurt en novembre ou décembre 1890. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 avril 2016
Autres publications au catalogue de la BNF. L’Angleterre et le peuple anglais, Paris, 1882, 360 p. Jean Larocque, Par delà la Manche, Paris, 1884, 223 p. Jean Larocque 1871 souvenirs révolutionnaires, Paris, 1888, 856 p. La plume et le pouvoir au XVIIe siècle, Paris, 1888, 330 p. Etc.
Marié avec Marie Louise Caroline DEGUIL le 13 octobre 1868 à Chauvigny (Vienne). Elle est née le 3 août 1845 à Saint-Julien L’Ars (Vienne). Fille de Prosper Auguste Deguil, percepteur des contributions directes, et de Marie Gabrielle Apolline de Bridieu, son épouse ; à sa naissance, ses parents ont 40 et 34 ans. Elle survit à son époux.
Deux enfants. Marie Juliette Gabrielle, née le 1er décembre 1870 à Nîmes. Épouse « un professeur d’un lycée de Paris ». Décédée avant son père. Louis Auguste, né le 10 décembre 1872 à Nantes (2e canton). La déclaration de naissance est faite par Auguste Labresson (ENS 1937) et Eugène Moncourt (ENS 1848), professeurs (physique, maths) au lycée de Nantes. Décédé le 16 avril 1953 à Paris (7e). Docteur en droit. Procureur de la République à Dinan à la mort de son père, à Nantes en 1927, près la Cour d’appel de Caen en 1935. Premier mariage, avec Joséphine Marie Claire Griffon du Bellay, le 25 septembre 1900 à Saint-Nazaire. Veuf, il se remarie le 5 février 1912 à Nantes avec Louise Planté, fille de Charles Louis Planté et de Louise Marie Florence Simon, son épouse. Ses témoins à ce second mariage sont Georges-Eusèbe Genet, sénateur (Gauche démocratique) de CharenteInférieure et maire de Saintes, et Maurice Schwob, ancien élève de spéciales du lycée de Nantes (donc de Louis Eugène), X 1879, directeur (après son père) du journal Le Phare de la Loire. Légion d’honneur (chevalier 1927, officier 1935). Claire Griffon du Bellay, née le 22 octobre 1874 à Pointe-à-Pitre. Fille de Marie Théophile Griffon du Bellay. Décédée le 21 février 1908. Marie Théophile Griffon du Bellay, né en 1829. Navale 1949. Médecin en chef retraité de la marine. Décédé le 10 novembre 1908 à Saint-Nazaire. Officier de la légion d’honneur. Charles Planté, né le 6 avril 1846 à Paris. Ingénieur principal de l’exploitation aux chemins de fer de l’État, à Nantes ; retraité au mariage de sa fille. Décédé le 9 novembre 1921 à SaintGéréon (Loire-Inférieure). Chevalier de la légion d’honneur (1898).
Élève au lycée d’Angoulême. Il fait d’excellentes études dans la filière littéraire, quand il décide d’entrer en classe de logique sciences. Bachelier ès sciences en décembre 1854 à Bordeaux.
Élève de spéciales au lycée Saint-Louis en 1857-58. Classe de Faurie (ENS 1832). 2e prix de géométrie analytique dans la classe.
Entré à l’ENS en 1858 (4e admissible sur 32, 2e parmi les 17 qui se présentent à l’oral, 8e entrant sur 12). C’est sa première candidature. Il est aussi reçu 21e à l’X.
Reçu à l’agrégation de mathématiques en 1863 (1er sur 7). Il est 1er des 20 admissibles avec 61 points sur 80. Le 2e en a 55. Il est « reconnu apte à l’agrégation des lycées dans l’ordre des sciences mathématiques ». La maladie l’avait empêché de se présenter en 1861. Il était admissible en 1862.
Carrière. Élève à l’ENS 28-10-1858 Chargé de cours de maths pures et appliquées au lycée de Niort. 23-09-1861 Chargé à titre de suppléant de cours de maths pures et appliquées au lycée de Marseille. 29-09-1862 Professeur de maths pures et appliquées au lycée de Brest. 22-09-1863 Chargé provisoirement du cours de physique au lycée de Nancy. 21-09-1864 Il donne des conférences (révision de math élém) et assure l’enseignement de la géométrie descriptive dans la classe de spéciales du lycée de Nancy. En juillet 1867, l’IG Vieille envisage de le nommer à Paris pour remplacer en partie Kioes, qui enseigne la descriptive « à peu près partout, dans les écoles publiques ou libres de Paris ». Chargé de cours de mécanique rationnelle à la faculté des sciences de Nancy, du 11-01-1866 au 01-09-1867.
Professeur de math spé au lycée de Poitiers. Professeur de math spé au lycée de Nîmes.
09-10-1867 (succède à Allégret) 06-09-1869 (succède à Durrande)
6 puis 9 élèves. On lit dans l’imprécise nécrologie de 15 lignes publiée le 8 avril 1910 par le Journal des Débats : « Disgracié au 16 mai [1871], il fut ensuite appelé au lycée de Nantes. » Loosen écrit que, voulant combattre des tendances séparatistes nées dans le Midi après la défaite de 1870, Larocque et deux autres enseignants avaient créé un journal républicain. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 avril 2016
Professeur de math spé au lycée de Nantes.
16-10-1871 (succède à Planes)
Effectif : 5, 6, 8, 7, 11, 8, 7, 8, 7, 11, 8, 10, 9, 16, 12, 15, 18, 18 de 71-72 à 88-89, 12 en 90-91. X. 1 reçu sur 2 admissibles en 80, 2 sur 2 ou 3 en 81, 0 sur 0 en 82, 2 sur 3 en 83, 4 en 85, 1 en 86, 1 en 87, 1 en 88, 0 en 89, 0 en 90. J-B Marchal est classé 6e à l’ENS en 1873 (le 5e est Henri Poincaré) et entre 4e. C’est le seul de ses élèves (à Nantes ou ailleurs) admis dans les 6 premiers à l’X ou à l’ENS. Par ailleurs, aucun de ses élèves n’obtient de prix ou d’accessit au concours général. Professeur à l’École préparatoire à l’enseignement supérieur des sciences et des lettres de Nantes à partir du 27 novembre 1871, il en est nommé directeur le 1er octobre 1881. Il exerce cette double fonction jusqu’au 29 février 1892. Son élection d’octobre 1881 donne lieu à des polémiques dont la presse locale se fait l’écho : républicain modéré, il est préféré à un candidat qu’il présente comme celui du parti clérical, après avoir combattu en août 1881 la réélection du député d’extrême-gauche de Nantes, le mathématicien Charles-Ange Laisant (X 1859). Chargé par arrêté du 29 octobre 1879 de la direction de la station météorologique de Nantes, dont il est le créateur (il parle dans une lettre de 1881 de cinq ans de travail bénévole de secrétariat). Il y fait valoir ses droits à une pension de retraite à dater du 3 janvier 1901 (arrêté du 18-12-1900). « Du point de vue pécuniaire, sa situation est très belle. […] Il s’était autrefois jeté dans la politique à corps perdu ; depuis plusieurs années, il est habilement rentré sous sa tente. » (IG Boutan, 1891). Les IG notent régulièrement la médiocrité des résultats à l’X. Ils regrettent que le professeur ne corrige pas les devoirs et accorde des congés excessifs (2 semaines) après les trois jours d’écrits de l’X.
Inspecteur d’Académie à Nantes.
22-02-1892
« D’une santé un peu délicate, très prudent, très réfléchi, on est tenté de le croire lent et timoré. Il n’en est rien. Solide Républicain de vieille date, vivant depuis longtemps dans ce département réactionnaire, il connaît les difficultés, l’opposition sourde, l’hostilité, l’inertie que l’administration rencontre devant elle » (IG de l’enseignement primaire Jost, 1900).
Retraite le 1er janvier 1901, par arrêté du 10 février 1901. Services : 42 ans 2 mois 3 jours.
Membre de la Société de géographie commerciale de Paris. Admis le 19 octobre 1886. Vice-président de celle de Nantes.
Admis en 1881 comme membre de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-inférieure, il la préside pendant l’année 1892. Il disparaît de la liste des membres en 1897. Publications. Nécrologie normalienne de Julien Lechat (ENS lettres 1846), 1895. Lechat est maire (républicain modéré) de Nantes de 1874 à 1881.
Sources. Dossiers Larocque (Louis-Eugène et son père Jean) F/17/21078 aux Archives nationales. Nécrologie normalienne par son camarade de promotion Raoul Loosen (ENS 1858), 1911. Raoul Loosen, 1840-1919, agrégé de maths, professeur de 1871 à 1900 (retraite) au lycée de Nancy.
Dossier Légion d’honneur (chevalier 1900) aux Archives nationales. Sur son frère Jean Larocque. Jean-Jacques Lefrère et Jean-Paul Goujon, Deux malchanceux de la littérature fin de siècle, Jean Larocque et Léon Genonceaux, éditions du Lérot, 1994. L’étude consacrée à Jean Larocque, frère de Louis-Eugène, est signée J-P Goujon. Pages 737. Philippe Audebrand, Mémoires d’un passant, Paris, 1893. « Comment on devient fou », p.271-286. Camille de Sainte-Croix, Moeurs littéraires, Paris, 1891, p.128-129. Audebrand et Sainte-Croix citent longuement Henri Fouquier.
Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 avril 2016