HOÜEL Jules 1823-1886

Guillaume Jules HOÜEL naît le 7 avril 1823 à Than (Calvados). La commune prend son nom actuel de Thaon vers 1843. Elle est à 15 km au nord-ouest de Caen. L’acte de naissance de 1823 et l’acte de mariage de 1851 orthographient Houël (mais si l’acte de mariage de 1851, dans le libellé officiel, donne Houël, il est signé Hoüel par les parents). On trouve, dans les textes qui lui sont consacrés, anciens ou actuels, les deux orthographes Hoüel et Houël, et parfois Houel. Lui-même signait Hoüel, le tréma étant parfois écrit comme un tilde, et publiait sous le nom de Hoüel, en particulier dans les Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, où son nom est orthographié ainsi de 1866 à 1887 aussi bien en tête des articles qu’il y a publiés que dans les comptes-rendus des réunions et listes des membres de la Société. On respectera ici son choix et, sauf dans les Sources, on écrira Hoüel.

Il meurt le 14 juin 1886 à Périers-sur-le-Dan (Calvados). La commune prend son nom actuel de Périers-sur-le-Dan vers 1885. Elle est à 10 km au sud de Caen.

Fils de Jean Baptiste HOÜEL et d’Élisabeth Amicie TRANCHANT, son épouse. Le père est né le 23 vendémiaire an 4 à Thaon. Il est propriétaire en 1822 et 1854. Décédé le 5 février 1854 à Thaon. La mère est née le 27 prairial an 13 (17 juin 1805) à Périers. Son père Jean-François Tranchant, médecin, est maire de Périers de 1806 à 1832 et en 1835. Décédée le 8 février 1877 à Périers. Ils se sont mariés le 25 juin 1822 à Périers.

Un frère. Louis Edmond, né le 2 octobre 1832 à Than. Épouse Catherine Julia Bouilly le 27 octobre 1859 à Putoten-Bessin (Calvados). Médecin.

Mariage avec Lucile Antoinette LE CERF le 25 septembre 1851 à Caen. L’épouse est née le 4 juin 1821 à Caen. Fille de Daniel Henri LE CERF et d’Anne Jeanne PERROTTE, son épouse. Le père est né le 7 avril 1790 à Caen. Marchand de dentelles. Décédé le 3 novembre 1876 à Caen. La mère est née le 26 novembre 1798 à Caen. Décédée le 19 janvier 1875 à Caen. Ils se sont mariés le 23 août 1820 à Caen. Elle habite Périers en 1886. Elle n’apparaît pas dans les décès de Périers jusqu’en 1912. Les témoins de l’époux sont ses cousins André Martin Rollin, 62 ans, ancien président du consistoire de Caen, et Auguste Fernand Rollin, 25 ans, docteur en droit. Les témoins de l’épouse sont son oncle Pierre Louis Le Cerf, 68 ans, professeur honoraire à la faculté de droit de Caen, et Prosper Édouard Melon, 34 ans, pasteur de l’église réformée de Caen. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 octobre 2016

Quatre filles. Jeanne, née le 26 février 1853 à Alençon. Épouse Henri Auguste Barkhausen le 23 avril 1872 à Bordeaux. Décédée le 19 juillet 1887 à Bordeaux. L’époux est né le 21 mai 1834 à Bordeaux. Docteur en droit. Professeur de droit administratif à la faculté de droit de Bordeaux (1871-1904). Adjoint au maire de Bordeaux de 1881 à ? Correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques. Décédé le 9 octobre 1914 à Bordeaux. Légion d’honneur (chevalier 1882, officier 1896). Louise, né le 19 janvier 1857 à Caen. Décédée en octobre 1882 à Bordeaux (décès déclaré le 4). Marthe Julie Élisabeth, née le 22 décembre 1858 à Caen. Épouse Pierre Charles René Perrotte le 26 avril 1881 à Bordeaux. Décédée en septembre 1939. i L’époux est né le 18 juin 1855 à Caen. Notaire. Maire (radical) de Caen de 1892 à 1904 et de 1908 à 1919. Conseiller général de Caen de 1904 à 1918. Décédé le 3 juillet 1936 à Thaon. Henriette, née le 10 novembre 1862 à Thaon. Épouse Pierre Emmanuel Raymond Lhermitte en 1883. Décédée en 1945. L’époux est né le 28 août 1858. Avocat. Décédé en 1927. Trois enfants : Marguerite, 1884-1951 ; Jacques, 1886-1966 ; Thérèse, 1897-1985.

Études secondaires au collège royal de Caen. Lettre au ministre, 22 avril 1856 : « Après avoir fait de fortes études littéraires et scientifiques, possédant non seulement les langues anciennes, mais encore la plus grande partie des langues modernes de l’Europe, de façon à pouvoir lire dans les originaux les ouvrages des littérateurs et des savants […]. »

Élève de spéciales en 1842-43 au collège Rollin. Classe de Faurie (ENS 1832). Admis à l’ENS en 1843 (11e admissible, 9e au concours, 8e entrant sur 12). Demi bourse. 3e sur 12 au passage en 2e année, 9e sur 10 au passage en 3e année.

Agrégé de mathématiques en 1847 (7e sur 9). Candidat en 1846, admissible aux épreuves orales.

Docteur ès sciences mathématiques le 18 août 1855 à Paris. Mécanique : Sur l’intégration des ED dans les problèmes de mécanique. Astronomie : Application de la méthode de M. Hamilton au calcul des perturbations de Jupiter. Jury : Cauchy (président), Duhamel, Sturm. Sturm remplace Delaunay entre l’impression et la soutenance.

Carrière. Élève de l’ENS Chargé de math élém au collège royal de Bourges. Professeur de maths (enseignement spécial) au collège royal de Bordeaux. Professeur de math élém au lycée de Pau.

26-10-1843 19-10-1846 20-09-1847 20-10-1849

Effectif : 7, puis 14.

Provisoirement professeur de math sup au lycée d’Alençon.

08-03-1851

Les math spé sont rebaptisées math sup de 1847 à 1852. Il succède à Auguste Boucher qui, parce qu’il n’y avait pas d’élèves inscrits en spéciales, enseignait en math élém. IA de l’Orne, 1851 : « Professeur de [math sup], chargé du cours de [math élém] pour les candidats aux écoles du gouvernement, et du cours de cosmographie pour les élèves de rhétorique. […] M. Hoüel, qui passe pour avoir dans sa partie une instruction très avancée et très étendue, ne me paraît pas réunir toutes les qualités sans lesquelles le savoir du maître, quelque profond qu’il soit, reste souvent stérile pour les élèves. Un débit pénible, toujours le même et partant monotone, une prononciation lente, molle et presque inarticulée, quelque chose de trop enfant dans les manières qui ne vont pas, je le reconnais, jusqu’à la niaiserie, mais qui parfois n’en sont pas loin. » Et sa méthode, s’écartant trop de celle de son prédécesseur, trouble les vétérans. Recteur, août 1851 : « M. Hoüel n’a pas réussi, et je pense qu’il est à désirer dans son intérêt qu’il soit appelé ailleurs. » IG, 1852 : « M. Hoüel a un caractère très doux, très timide. Il manque entièrement de l’autorité du professeur. Il débite ses leçons, bonnes pour le fond, comme le ferait un écolier craintif. » Effectif : 4 puis 3 élèves en math élém, 16 en cosmographie.

Professeur de math élém au lycée d’Alençon.

01-11-1852

À la rentrée 1852, les math sup redeviennent math spé, mais ne sont maintenues que dans un petit nombre d’établissements : 9 à Paris et 18 en province. Elles disparaissent à Alençon. En l’absence d’élèves en logique sciences (ex et future math élém), il enseigne de 52 à 54 aux sections littéraires (logique lettres, cosmographie en rhétorique lettres, seconde) ; il y a de 1 à 7

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 octobre 2016

élèves dans chaque classe. La classe de spé est supprimée an 54 ; en 54-55, il enseigne en logique lettres (1 élève) et seconde sciences (7 élèves, 3 le jour de la visite de l’IG). IA, 1853 : « Ce fonctionnaire dont le conduite et la tenue sont très convenables, a un esprit frondeur et un caractère peu souple. Avec une très grande instruction dans les sciences mathématiques, il manque d’aptitude pour l’enseignement et ses cours n’ont pas de vie. Il ne réussirait pas mieux en discipline, si les élèves étaient nombreux. […] Sa religion, il est protestant, excite les susceptibilités de l’évêque diocésain déjà très grandes à l’endroit de l’Université. » Proposition : satisfaire son vœu d’être nommé à Caen. En application du décret du 10-04-53 sur le régime financier des lycées, il est nommé « professeur de mathématiques pures et appliquées » (arrêté du 30-09-53). Recteur, 1855 : « Très savant, dit-on, mais très mauvais professeur, par une insouciance inconcevable. Le remplacement de ce fonctionnaire est indispensable dans l’intérêt du lycée. M. Hoüel a de la fortune et pourrait attendre un autre emploi. » Tout en s’associant à cette demande avec quelques réserves (il se demande si Hoüel a été clairement averti), l’IG Blanchet loue les qualités du mathématicien, et souhaite qu’il soit nommé en faculté.

Congé (sans traitement) jusqu’à la fin de l’année scolaire. Professeur de math spé au lycée impérial de Caen.

04-10-1855 31-01-1856

Toussaint (ENS 1837), qui occupe la chaire de spéciales du lycée de Caen depuis 1850, y est nommé censeur le 18-01. Trois candidats postulent pour lui succéder : Vannier (ENS 1838) et Diguet (ENS 1845), déjà en poste au lycée de Caen, et Hoüel (« cette place, qui me fixerait dans mon pays natal, au milieu de ma famille »). Lequel est nommé. Le 15 mars, le recteur François (historien, docteur ès lettres, non normalien) écrit au ministre. Après avoir rappelé qu’il n’avait pu appuyer aucun des 3 candidats, il précise : « M. Hoüel fut nommé le 31 janvier ; cette nouvelle me consterna, je l’avoue. J’avais vu à l’œuvre M. Hoüel au lycée d’Alençon, où il n’a obtenu aucun résultat. […] J’affirme que ce docteur n’enseignera jamais ni les [math spé], ni les [math élém] ; nulle autorité dans le ton et dans la parole, absence complète de méthodes, et l’attitude d’un homme découragé et qui s’ennuie. » Les élèves (sur les 8, « 5 ont toutes les chances d’être reçus au prochain examen, 3 parmi les premiers »), qui « n’apprennent rien », parlent de quitter le lycée à Pâques pour aller à Paris. Il demande le remplacement de Hoüel « le plus tôt possible ».

Congé de disponibilité.

27-03-1856

Le 27 mars, Hoüel est mis en congé de disponibilité et Planes (ENS 1846), professeur à Lille, est nommé pour lui succéder. Le 22 avril, Hoüel écrit au ministre une lettre de 4 pages où il réfute avec indignation et fermeté les accusations portées par le recteur. À la rentrée 1856, Toussaint reprendra la chaire de spéciales de Caen et Planes sera nommé, comme il le souhaite, en spéciales à Poitiers. Le 12 octobre 1857, Hoüel écrit au ministre pour demander un poste en faculté ; il rappelle à cette occasion ses travaux passés et en cours. Toujours sans emploi, il demande le 4 août 1858 une audience au ministre.

Chargé du cours de maths pures à la faculté des sciences de Bordeaux. Professeur de maths pures à la faculté des sciences de Bordeaux.

06-03-1859 11-01-1862

IG Quet, mai 1873 : « Il se plaint du petit nombre d’auditeurs et voudrait que le doctorat fut exigé pour toutes les grandes carrières administratives comme en Allemagne. »

Admis sur sa demande et pour cause d’ancienneté d’âge et de services à faire valoir ses droits à une pension de retraite à partir du 1er novembre 1884 » (décret du 27 octobre 1884). Ancienneté : 27 ans, 8 mois et 4 jours. Son traitement annuel était de 11000 francs. Sa pension annuelle est égale au maximum légal de 6000 francs. Sa veuve percevra le tiers réversible, soit 2000 francs.

Membre de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. Élu en 1860 ou 1861.

Non membre de la légion d’honneur, qu’il a toujours refusé de solliciter. Lauréat de l’Académie des sciences. Prix Poncelet 1884 « pour l’ensemble de ses œuvres mathématiques et particulièrement pour son concours utile et dévoué à la publication des Œuvres de Laplace » (séance du 23 février 1885).

Publications jusqu’en 1859. Ne sont signalées ici que les écrits publiés jusqu’en 1859, année de son entrée dans l’enseignement supérieur. Une version ultérieure de cette notice apportera les compléments souhaitables sur cette œuvre considérable, par les traités de mathématiques, les considérations pédagogiques et les traductions de nombreuses langues. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 octobre 2016

Les thèses, Mallet-Bachelier, 1855, 104 + 78 p. Tables de logarithmes à cinq décimales pour les nombres et les lignes trigonométriques, suivies des logarithmes d'addition et de soustraction ou logarithmes de Gauss et de diverses tables usuelles, MalletBachelier, 1858, XXXII + 116 p. « Sur le polygone régulier de dix-sept côtés », Nouvelles Annales de mathématiques, 1857, p.310-311. De 1856 à 1859, dans le Journal de mathématiques pures et appliquées, 9 traductions de textes de Lejeune-Dirichlet.

Sources L’orthographe Hoüel ou Houël est celle de la source signalée.

Dossier de carrière de HOUËL, Guillaume, Jules, F/17/20960/B, aux Archives nationales. Dossier HOÜEL (Guillaume, Jules) aux Archives de l’Académie des sciences. Peu épais : Hoüel n’a pas été membre de l’Académie des sciences. On y trouve en particulier la nécrologie par Lespiault, les deux articles d’Hélène Gispert,

Nécrologie normalienne de Jules Hoüel, par G. Lespiault, 1887 Gaston Lespiault, 1823-1904, ENS 1844, professeur d’astronomie et doyen de la faculté des sciences de Bordeaux.

G. Brunel, « Notice sur l’influence scientifique de Guillaume-Jules Hoüel », Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 3e série, t.IV, Gauthier-Villars, 1888, p.1-78. Georges Brunel, 1856-1900, ENS 1877, professeur de calcul infinitésimal et doyen de la faculté des sciences de Bordeaux. Publié aussi en tiré à part, Bordeaux, 1888.

G. Rayet, « Histoire de la faculté des sciences de Bordeaux (1838-1894) », Actes de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 3e série, 1897, p.1-78. Sur Hoüel, p.167-180, avec une liste des œuvres. Georges Rayet, 1839-1906, ENS 1859, professeur d’astronomie et doyen de la faculté des sciences de Bordeaux, correspondant de l’Académie des sciences.

Hélène Gispert, « La correspondance de G. Darboux avec J. Houël. Chronique d’un rédacteur (déc.1869 – nov.1871) », Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques, tome 8, 1987, p.67-202. En ligne sur le site Numdam.

Hélène Gispert, « Principes de l’analyse chez Darboux et Houël (1870-1880) : textes et contextes », Revue d’histoire des sciences, 1990, vol.43, n°2, p.181-220. En ligne sur le site Persée.

Article « Jules Hoüel » de Wikipédia. Excellent article, qui donne un aperçu clair de la considérable œuvre mathématique de Houël, dont il n’est guère question dans la présenté notice.

 

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 octobre 2016

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Son père Jean-François Tranchant,. médecin, est maire de Périers de 1806 à 1832 et en 1835. Décédée le 8 février 1877 à Périers. Ils se sont mariés le 25 juin ...

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