2ème Festival Grock Après une première édition l'an passé à Bellelay (Jura bernois), le Festival Grock a eu lieu du 2 au 5 septembre 2004 à La Chaux-de-Fonds, plus précisément à "L'Heure bleue" (Salle de musique et Théâtre reliés par un grand hall). Ce festival, organisé par Laurent Diercksen et l'Association Grockland, a proposé au public un grand choix d'activités (musique, documentaire, gala et même baptême d'un train CFF et parade) autour du célèbre clown.

Grockissimo La soirée du vendredi 3 septembre était placée sous le signe de la musique. Elle a fait découvrir au public (environ 400 personnes) une dimension peu connue de Grock: celle de compositeur. A la Salle de musique, connue pour son acoustique (des musiciens viennent y enregistrer leurs disques), et avec pour décor le visage de Grock sur écran géant, le Grockland Orchestra a joué une trentaine de mélodies de Grock parmi les 2000 qu'il a composées. 35 musiciens, du Bovard Orchestra (Lausanne) et du German Chamber Orchestra, dont un violon solo (Florian Meierott ; il se produit dans les plus grandes villes du monde) pour jouer Grock: ce n'est pas rien! D'autant plus que Grock se révèle être un bon compositeur. Ses mélodies sont variées. Certaines s'inspirent de sonorités italiennes ou tziganes, d'autres rappellent la musique des premiers films muets ou la Belle Epoque. Certaines sont légères mais d'autres utilisent la harpe et la flûte traversière. Le public est ressorti en fredonnant la plus belle (à mon avis) de ces mélodies: "Le vrai bonheur" (1931). Le prestige de cette soirée de deux heures, reliant la musique classique au rire, a encore été augmenté par les bonnes idées de mise en scène: à plusieurs reprises, l'orchestre ou des solistes ont joué pendant que sur l'écran était projeté un montage de photos de Grock ou même ses premiers films muets. Ce n'était pas sans émotions. Emotions aussi quand une soliste a joué sur l'accordéon de Grock. Excellente soirée. Le CD du concert Grockissimo sera disponible dès le 1 er octobre : Association Grockland, case postal 444, 2735 Bévilard ; [email protected]

Grock - Génie du music-hall Gala samedi 4 septembre, 20h 00. En présence notamment d'Emil Steinberger, de l'un des Chicky's et de Paul Fratellini. Le théâtre à l'italienne (1837) de La Chaux-de-Fonds, avec ses galeries et ses stucs dorés était le cadre idéal pour le gala et la remise des prix, permettant par exemple de faire apparaître d'une trappe le maître de cérémonie, Laurent Diercksen. Le lieu rappelait également l'époque où il existait des cirques en dur. Placé sous le signe de l'humour et de la musique, le spectacle était plus proche du music-hall, milieu dans lequel évoluait Grock, que du cirque au sens stricte. Après la projection d'un film où le comédien Bernard Haller raconte sa rencontre avec Grock, le spectacle fut ouvert par les 30 danseuses du Jazz Dance de Corgémont qui, à deux reprises lors de la soirée, ont offert des danses dignes des grandes revues. En février 2004 à Paris, un jury composé, entre autres, de membres de l'Association Grockland et de Jocelyne Gasser (Starlight) a remis un Grock d'or international à un artiste du Festival mondial du cirque de Demain. Le gagnant, Vincent Bruel, était à La Chaux-de-Fonds pour présenter son numéro. Un numéro très original, difficile à décrire, de jonglage comique, notamment de kick-ball géant (deux grosses boules reliées entre elles). L'aspect comique vient aussi de son personnage décalé de jeune lycéen intellectuel. Les Ultra Sons (duo; France) ont repris les numéros de clowns musicaux mais en en renouvelant la présentation avec leurs personnages de savants fous. Ils font de la musique avec des chopes de bières et même avec un porte habits qui devient flûte à plusieurs becs. Une partie davantage orientée cirque a ensuite commencé avec les numéros des finalistes du Grock d'or, sélectionnés parmi 15 numéros le 24 avril sous le chapiteau du cirque Starlight. Le concours a été étendu cette année à toutes les écoles de cirque de la Suisse romande. Le duo Joëlle Huguenin (Neuchâtel) et Noé Robert (Jura) de l'Ecole de cirque du Jura Starlight, Grock d'or 2003, a obtenu cette année le Grock de bronze avec un numéro à deux voix de jonglage et aux tissus. Après un jonglage de

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balles fluorescentes, Joëlle a jonglé avec des massues en alternance ou même pendant que Noé exécutait des figures aux tissus. Le Grock d'argent a été décerné à Vanessa Pahud de l'Ecole de cirque de Confignon (GE) pour son numéro de trapèze. D'abord fixe, dans une ambiance d'orage et de tonnerre, il sert d'appui pour diverses figures avant de se mettre en mouvement et de permettre de nombreux lâchers et rattrapages. Le gagnant du Grock d'or 2004 est un trio de contorsionnistes: Emi Vauthey, Noémie Armellin et Tiziana Curchod (Ecole de cirque de Lausanne). L'une des contorsionnistes est arrivée "pliée" accrochée à une barre horizontale que portaient ses deux partenaires. Elle a ensuite effectué des contorsions sur un podium pendant que de chaque côté ses partenaires, dans un autre costume, faisaient leurs figures au sol. Le numéro s'est terminé par la cueillette avec la bouche d'une rose, figure exécutée par chacune des artistes. La proclamation et la remise des prix sont toujours des moments d'émotion. Paul Fratellini, frère d'Annie, président de l'Académie nationale du cirque Annie Fratellini et du jury du festival, s’est dit impressionné par la qualité des numéros présentés au concours. Et surprise, un Grock d'honneur a été remis à l'humoriste Emil. Il a déclaré qu'après le Heidiland, il était d'accord de vivre dans le Grockland, un pays du rire. Emil a souligné le travail de toute l'association, notamment pour convaincre le public et, a-t-il dit, "ça, à Berne, ils ne savent pas faire!" Après la pause pendant laquelle on pouvait admirer l'exposition Grock (photos et objets) dans les couloirs du théâtre, le magicien Christoph Borer (de Bienne) et son Magic Brass ont enthousiasmé le public. Il a fait disparaître un billet de 20 francs signé par un spectateur et l'a fait réapparaître dans un citron, lui-même dans un sac fermé! Sa présentation est originale et pleine d'humour car elle incorpore les facéties des quatre membres de son Magic Brass, musiciens comiques et eux aussi un peu magiciens. La projection sur écran géant d'un numéro de Grock (celui où il pousse le piano au lieu de pousser la chaise) a permis d'apprécier la finesse et la distinction de ce clown. Les rires du public en direct ont rejoint ceux des spectateurs de l'époque. En 60 ans, certaines choses n'ont ainsi pas changé…Le duo Full House a offert un excellent final, reprenant l'idée de la partenaire-accessoiriste qui veut aussi avoir son propre numéro. Ce désir dégénère en scène de ménage ou les objets (balais, lutrin, chaise) volent et deviennent objets de jonglage inédit! Mais ce numéro est aussi un feu d'artifice d'acrobaties et d'humour. Ce compte-rendu ne serait pas complet si je ne parlais pas de Laurent Diercksen et de sa fille Fanny, maîtres de cérémonie de grande classe, assurant la liaison entre les numéros devant le rideau rouge du théâtre, avec des textes pleins d'humour et de jeux de mots. Le dialogue de L. Diercksen avec Grock grâce à un montage sonore était particulièrement réussi. Tous ces ingrédients ont formé un spectacle de trois heures, de grande qualité et original par sa dimension music-hall et ses extraits d'archives.

Grock en ville La journée du dimanche 5 septembre fut plus populaire (car gratuite) avec dès 11h 00 le baptême d'un train ICN au nom de Grock. Sous un ciel bleu sans nuages, la foule s'est rassemblée sur le quai pour voir arriver en même temps, l'un à côté de l'autre, le nouveau train ICN et un train à vapeur! Belle image réunissant l'ancêtre et le dernier né! L'ICN amenait avec lui les Clowns de Monaco qui ont accompagné la cérémonie en musique. Ces sept clowns musicaux (dont deux clowns blancs) sont devenus des symboles du Festival de Monte-Carlo. En effet, ils paradent chaque année depuis 1996 dans les rues de Monaco pendant le festival. Après quelques discours officiels, l'honneur de baptiser le train en découvrant les lettres noires GROCK sur la locomotive est revenu à Emil, sous une pluie de confettis. La cérémonie s'est terminée par un moment fort: l'arrivée surprise et très appréciée du soliste violon Florian Meierott. Maquillé en Grock de manière très réussie (il a déjà le crâne chauve), il a interprété un morceau du clown. Après la fête sur le quai, la fête dans la rue, le temps de rejoindre l'avenue principale de la ville (le Pod), pour assister à midi à la parade. En effet, le festival Grock s'est mêlé au défilé d'une centaine de voitures Chevrolet (Louis Chevrolet est né à La Chaux-de-Fonds et était un contemporain de Grock) qui a lieu chaque année. Ainsi, les artistes du gala et les finalistes ont défilé dans ou sur des Chevrolet,

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alors que les Clowns de Monaco et des membres des écoles de cirque de la Suisse romande suivaient à pied en effectuant quelques numéros. Ensuite, jusqu'à 15h 00, les jeunes artistes ont continué leurs démonstrations sur la route fermée pour l'occasion. Assurément, l'âme de Grock a plané pendant trois jours sur La Chaux-de-Fonds lors d'une fête 100% réussie, même au niveau de la météo. Il faut souligner la grande qualité et diversité des manifestations proposées ainsi que l'excellente organisation. Le festival Grock mérite de devenir un événement incontournable et de continuer à faire (re-)découvrir Grock: un sondage de la presse locale a montré que, hors de sa région natale, les plus jeunes ne connaissaient plus guère ce grand clown suisse…

François Beuret

Participants du gala: Jazz Dance Corgémont (danse), Vincent Bruel (jonglage burlesque), les Ultra Sons (excentriques musicaux), Christoph Borer & Magic Brass (magie et humour), Duo Full House (acrobaties comiques), Vanessa Pahud (trapèze), Joëlle Huguenin, Noé Robert (jonglage et tissus), Emi Vauthey, Noémie Armellin, Tiziana Curchod (contorsion)

Baptême du train Grock en présence de Laurent Diercksen et les clowns du Festival international du cirque de Monte-Carlo

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