Silence, le procureur détourne !

ECHOS DU NORD Tri-hebdomadaire Gabonais d’informations — 11e année

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“Change. Believe” Barack Obama

N°430 du Lundi 10 Avril 2017 - Prix : 600 F.CFA

Gestion du port d’Owendo

Portrait de deux jeunes panthères

Le groupe Bolloré a roulé l’Etat Lire en page 6

BoA renonce à sa visite à oyem au tout dernier moment Lire en P3

Suspension de la Conasysed

L’avocat du diable Bilie-By-nze s'enfonce dans l’ignorance arrogante

Justice

un facilitateur du dialogue de BoA aux arrêts

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LETTRE AuX oPPoSAnTS ALimEnTAiRES

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Infrastructures

BoA atribue l’échec des projets à ses collaborateurs Lire en P7

Affaire succession Omar bongo Ondimba

BoA refile le dossier à ndoye Loury

Lire en P8 Communiqué Pour entamer la 4e étape de sa tournée républicaine, le président élu Jean Ping animera un grand meeting populaire, organisé par la Coalition pour la Nouvelle République, ce samedi 15 avril au collège Capitaine Ntchoréré, sis a l'ancienne Sobraga a partir de 13 heures. La presse nationale et internationale ainsi que tous les Gabonais partisans du changement et épris de liberté sont vivement attendus.

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une ordonnance du tribunal de première instance de Libreville vient d’acter le remplacement du notaire me Estelle Brahime, administrateur de la succession omar Bongo ondimba par… un syndic judiciaire et repris de justice, le sulfureux Athanase ndoye Loury, qui a mis à sac de nombreuses entreprises au Gabon. L’ordonnance de Fulgence ongama, le président du tribunal, précise que le concerné, le syndic judiciaire en question, est désigné « avec les pouvoirs les plus larges d’avoir à administrer, gérer et liquider ladite succession tant au Gabon que dans les pays concernés… ». Et si, en plus, rien ne viendrait obstruer le travail de ndoye Loury, ni les voies de recours, ni rien d’autre, autant reconnaître ici que la mise à sac au profit de Bongo ondimba Ali (BoA) peut débuter ce lundi matin et se terminer cette fin d’après-midi, dès 18 heures, avec tout le pactole de la succession dans les comptes de BoA. C’est ouvrir là la cave au trésor du roi du maroc à Ali Baba, et avec à sa disposition tout l’arsenal nécessaire pour transporter le butin. il reste que ndoye Loury n’est pas notaire et qu’il est englué dans de sordides affaires d’escroquerie organisée. C’est ce qui lui a valu la mise en détention provisoire en juillet 2014. Si Fulgence ongama est amnésique, les archives judiciaires et celles des médias ne le sont pas.

Pierre-Claver Maganga Moussavou, leader du Parti social démocrate René Ndemezo’o, leader de Démocratie Nouvelle Séraphin Ndaot, leader du Parti pour le développement et la solidarité Bruno Ben Moubamba, membre du gouvernement des putschistes Messieurs, Depuis plusieurs mois, usant de titres et fonctions auxquels aucune frange de la population gabonaise n’accorde la moindre importance, vous menez des activités dissidentes qui sèment la confusion au sein de l’opinion, portant atteinte au moral et à la sérénité des combattants de la liberté ainsi qu’à l’image de l’opposition gabonaise. Vous êtes des virus au service de la destruction du Gabon ! « Ce sont les sages qui pêchent, et ce sont les fous qui troublent l’eau », observait mon grand-père. Vous vous êtes désolidarisés de vos compagnons de lutte pour participer au simulacre de dialogue d’Ali Bongo. Pourtant, depuis deux ans, le peuple gabonais n’a eu de cesse d’appeler à la cohésion et à l’unité de l’opposition à travers plusieurs initiatives. Mais vous persistez dans votre égoïsme. Vous vous prévalez du titre de présidents de partis politiques qui n’ont comme militants que des membres de vos familles respectives. Vous êtes vraiment pitoyables ! Suite en page 2

ACTUALITÉS

ECHOS DU NORD N°430 du Lunedi 10 Avril 2017

LETTRE AuX oPPoSAnTS ALimEnTAiRES Suite de la page 1 C’est à cause des petits lapins à la recherche de la carotte comme vous que le Gabon n’avance pas. Mon aïeul disait : « Le chat qui a les moufles n’attrapent pas les souris.» Vous avez fait la démonstration de votre soumission à certaines forces agissant à visière levée ou en sousmains. Le peuple attend de vous la constance, là où vous faites montre de versatilité. Le temps n’est plus aux petits calculs personnels. Au nom de notre patrie commune, des idéaux des héros ou des hérauts de l’indépendance, évitez de trahir le peuple. Vous êtes interpellés par la pénible situation que vivent vos compatriotes qui sont partagés entre la peur, l’humiliation, l’angoissante incertitude pour eux et leurs enfants. Unissons-nous, comme le commande notre devise, pour défendre l’honneur de notre pays, nonobstant nos divergences. « Les chiens qui se battent entre eux s’unissent contre le loup », m’apprenait mon papy. Le peuple vivote. Le Gabon, aujourd’hui en danger, nous appelle. La nation nous regarde et elle nous attend. Devant la catastrophe que constitue pour notre pays le régime d’Ali Bongo, nous n’avons pas le droit de briser l’espérance de la renaissance politique, économique et sociale que représente l’opposition pour notre peuple. L’unité des opposants est un devoir patriotique parce que la conquête du pouvoir est un impératif catégorique. L’enjeu, c’est l’avenir de notre pays, c’est notre place et notre rang dans l’histoire de cette nation. Débarrassez-vous de vos vieux réflexes et adaptez vos modes d’intervention au contexte actuel. Mon grandpère m’enseignait que « le caïman suit l’itinéraire de la rivière ». Les ambitions politiques sont légitimes. Les divergences d’opinion sont dans la nature de la politique. L’avantage de la démocratie est de faire l’économie du spectacle affligeant et déshonorant auquel vous nous soumettez depuis plusieurs mois et de permettre que nos ambitions et nos divergences se gèrent sans préjudices pour l’image, la respectabilité et l’unité de notre bloc politique. Mettez définitivement fin à ces agissements qui ne peuvent conduire nulle part, sinon à faire le jeu du régime d’Ali Bongo et à prolonger les souffrances des Gabonais. C’est un jeu, à terme, dangereux. « Le buisson dans lequel tu cherches du bois de chauffage ne manque pas d’épines », me prévenait mon papé. Les Gabonais qui réfléchissent par la tête et non par le ventre, contrairement à vous, se posent des questions sur vos réelles motivations. Ils ne voient pas comment votre attitude et vos agissements contribueront à la libération du Gabon. Ils constatent au contraire que vos agissements rétrogrades sont à la base des échecs répétés de l’alternance politique. Ils se demandent s’ils peuvent continuer à faire confiance aux opposants et à espérer des lendemains meilleurs. Ils concluent que vous êtes des produits politiques inutiles à la construction du pays. Ce n’est pas totalement faux. Mon pépé disait : « Le tronc de bananier ne sert pas de bois de chauffage. » Pour la réalisation de vos ambitions personnelles, vous vous acoquinez avec le dictateur d’Ali Bongo, oubliant même que vous avez d’abord reconnu sa cuisante défaite à la dernière élection présidentielle. Dans votre dialogue de pacotille, ne parlez plus au nom du peuple gabonais. Celui-ci ne vous a pas donné son blanc-seing. Parlez plutôt au nom des membres de vos familles respectives. Vous n’êtes qu’une bande de profito-situationnistes ! A cette allure, il vous sera difficile de vous hisser à la hauteur des grands hommes d’Etat que notre pays a connus. Mon grand-père disait : « Même si l’étoile brille, elle ne peut pas valoir la lune. » Messieurs, vous n’êtes pas des références de la démocratie et de la dignité. Vous n’avez aucune morale de militantisme pour la prospérité du Gabon. Vous constituez la crasse politique gabonaise. Vous avez choisi le chemin de la délinquance politique par désespoir de toute issue de sauvetage. Depuis plusieurs années, vous n’avez fait qu’escroquer le peuple. La traitrise ne vous a rien laissé. Ni dignité. Ni honneur. Dommage, vous êtes cuits. Ou plutôt, vous vous êtes fait cuire, à cause de votre mercantilisme. « L’homme creuse son tombeau avec son ventre », aimait à dire mon aïeul. Kake Nenda

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Scandale

Silence, le procureur détourne ! Par Kake Nenda

L

’avenir du procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Steeve Ndong Essame, pourrait se jouer un jour devant une cour criminelle. Et pour cause, il avait détourné l’argent destiné au fonctionnement du parquet. Selon nos informations, fondées sur des pièces comptables en notre possession, le magistrat aurait sollicité et obtenu du ministère du Budget une enveloppe de 5 200 000 FCFA pour l’organisation de quatre audiences foraines l’année dernière. Mais l’argent décaissé n’a pas servi au besoin exprimé par le parquet de Libreville. Les audiences devaient avoir lieu le premier jeudi de mai 2016, conformément à l’article 283 du Code de procédure pénale. Sauf que depuis lors, aucune audience foraine n’a été organisée à Libreville et ses environs. Près d’un an après le décaissement du magot, les autres magistrats en service au parquet de Libreville ne savent pas où est passé le budget des audiences foraines. Steeve Ndong Essame aurait mis le grappin sur cet argent. D’où la non-organisation des sessions judiciaires annuelles prévues

dans le cadre de la politique gouvernementale en matière de justice de proximité. Le procureur de Libreville aurait-il confondu le budget de fonctionnement avec son argent de poche ? Curieusement, dans les mois qui ont suivi la demande d’argent, des billets d’avion sont achetés aux membres de sa famille à destination de la France. Question immédiate : s’en serait-il servi pour acheter lesdits billets d’avion ?

Autre question : si le procureur de la République détourne le budget de fonctionnement, a-til la conscience tranquille quand il s’agit de poursuivre d’autres fossoyeurs de la République ? Un petit effort de mémoire nous permet de nous rappeler que c’est lui qui avait requis la détention préventive pour les anciens ministres Magloire Ngambia et Etienne Dieudonné Ngoubou. C’est encore lui qui s’est assis sur le

dossier de demande de liberté provisoire pour les deux anciens membres du gouvernement. Dans les couloirs du tribunal de Libreville, des voix s’élèvent, demandant que le magistrat soit relevé de ses fonctions. Cellesci exigent, en effet, une probité morale et un comportement irréprochable. Des valeurs rares chez Steeve Ndong Essame. Ce dernier semble désormais enivré par les prébendes au point d’oublier ses missions. Rassuré du soutien de MarieMadeleine Mborantsuo et du père de son épouse, du reste conseiller d’Ali Bongo, le procureur de la République n’en ferait qu’à sa tête, narguant même ses collègues avec lesquels il a fait ses premiers pas au parquet de Libreville. Pour que cessent les pratiques mafieuses devenues courantes dans les tribunaux et cours du Gabon, d’aucuns estiment qu’il faut sanctionner les magistrats impliqués, en appliquant la loi pénale. Il faut des condamnations publiques des magistrats corrompus, qu’ils purgent aussi effectivement le maximum des peines de prison prévues par la loi. Cela servira d’exemple et dissuadera les autres magistrats de poursuivre avec cette pratique qui souille l’image de la justice gabonaise.

Steeve ndong Essame, le symbole d’une justice corrompue Par KN

C

ela fait deux ans que le mollasson Steeve Ndong Essame a été catapulté procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville. Depuis lors, ce magistrat brille par des incartades qui ternissent l’image de la justice gabonaise. Les justiciables qui attendaient de lui qu’il redore le blason de la justice émettent de sérieuses réserves sur cette promotion, d’autant plus qu’il est plus appâté par les prébendes que par le travail qu’il est censé accomplir à la tête du parquet de la République. Il n’obéit qu’aux ordres des mafieux qui l’ont nommé à cette place pour protéger leurs intérêts. De ce fait, Steeve Ndong

Essame est le symbole d’une justice corrompue. C’est un robot téléguidé depuis la présidence de la République où il dispose de protecteurs. Les seuls dossiers qu’il traite avec célérité sont ceux qui lui sont soumis par cette institution pour régler des comptes aux citoyens en rupture de ban avec le pouvoir. Les autres affaires ne connaissent pas souvent l’issue escomptée. Il foule aux pieds même les règles les plus élémentaires de droit, s’asseyant sur les principes sacro-saints. Les avocats de l’ancien ministre EtienneDieudonné Ngoubou, par exemple, font face à une incompréhensible privation du droit de recours exercé pour le compte de leur client. Le 17 février 2017, alors que l’appel interjeté contre l’ordonnance de

placement visant Ngoubou a été déposé depuis le 16 janvier 2017, Steeve Ndong Essame n’a pas transmis le dossier à la Chambre d’accusation. Arrangements douteux Or, au terme de l’article 161 alinéa 2 du Code de procédure pénale gabonais, la Chambre d’accusation doit, en matière de détention préventive, se prononcer au plus tard dans les cinq jours de la réception du dossier, faute de quoi l’inculpé est mis d’office en liberté provisoire par le procureur général, s’il n’est pas détenu pour une autre cause. Sans explication aucune, Steeve Ndong Essame a refusé de transmettre l’ensemble du dossier pour examen, alors qu'il n'avait plus aucun acte procédural à poser. En fait, il fait de la justice le creuset du mépris qu’il exprime à l’égard

des règles de droit et de la défense. Peut-il continuer à être procureur de la République alors que son image est entachée par une affaire de détournement de fonds au point de mettre à mal la probité morale exigée aux magistrats ? La corruption de la justice gabonaise, quoique cachée, jette l’opprobre sur le pays à l’international et met en doute l’un des fondements de notre République. Le Gabon n’a pas une justice digne de ce nom. La prise de décision est frelatée par des arrangements douteux. Ceux qui sont censés faire respecter la loi se retrouvent souvent englués dans des affaires d’Etat aux conséquences souvent terribles. C'est certainement le signe d’un asservissement qui ne dit pas son nom.

poLITIqUe BoA renonce à sa visite à oyem au tout dernier moment

ECHOS DU NORD N°430 du Lunedi 10 Avril 2017

Par Franck Olivier de la Rosière

L

e chef de la junte militaro-fasciste n’a plus tenu sa promesse de se rendre à Oyem samedi dernier. Pourtant, tous les préparatifs liés à cet évènement laissaient présager qu’il était imminent. BOA a préféré y renoncer, sans même prévenir ses « sujets ». Il est vrai que la virée se présentait comme un échec. BOA avait demandé à ses sbires du gouvernement de la junte, du Parti démocratique gabonais (PDG) et à ses nouveaux alliés alléchés par l’odeur de l’argent de réunir au minimum 4 000 personnes pour l’accueillir à la place des Fêtes d’Oyem. Il voulait tenter de contrebalancer la vague jaune de Jean Ping qui a charrié, sans transport ni paiement de per diem, ni même une quelconque campagne de publicité, plus de 6 000 personnes à Oyem en mars dernier. C’était à l’occasion de la visite du président élu par les Gabonais dans le WoleuNtem. Il a fallu que BOA se rende à l’évidence. Le compte n’y serait pas. L’image d’un BOA s’exprimant devant un groupuscule de 500 ou 1 000 personnes risquait de montrer, une fois de plus, un homme vomi par le peuple qui s’incruste au pouvoir. En toute logique, BOA et sbires n’avaient pas d’autre choix que de capituler.

Une vue de la ville Pourtant, BOA a mis « tous les atouts » de son côté pour tenter de rivaliser avec le président élu Jean Ping. Fort de l’assurance de nombreux profito-situationnistes (PS) du Woleu-Ntem sur leur capacité à mobiliser, le chef de la junte a délié les cordons de la bourse du Trésor public pour en sortir 50 millions de FCFA. Le destinataire de cette somme sera le putschiste en charge du dialogue social, Francis Nkéa. Il entrera en possession de la manne quelques jours avant la célébration en différé du 12 Mars, la fête du PDG. L’objectif étant d’utiliser ses fonds pour transporter les populations des quatre coins du Woleu-Ntem et les acheminer à Oyem. L’affaire était d’importance au point que le PDG a jugé utile de sortir une note d’orientation demandant à ses membres

de boucler la commémoration du 12 Mars en différé pour fin mars. Il fallait laisser les militants « sans obligation particulière » à partir de cette date, pour leur permettre de venir faire le plein de la place des Fêtes. En sus de l’organisation interne du PDG, le gouverneur de la province du Woleu-Ntem y est aussi allé de son activisme militant. Il a convoqué à Oyem tous les auxiliaires de commandement pour les sensibiliser à la nécessité pour eux de se mobiliser dans leurs juridictions respectives pour assurer le plein succès à cet évènement. Il ne restait plus qu’aux « hiérarques » du PDG originaires du Woleu-Ntem à entrer dans la danse pour mettre une dernière touche à l’évènement. Francis Nkéa, qui, visiblement, n’a aucun

Election présidentielle en France

Pour les principaux candidats, la forfaiture de BoA ne passe toujours pas Par JMS

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ené Ndemezo’o Obiang et tous les profito-situationnistes (PS) qui se ruent au dialogue des assassins risquent de s’en mordre les doigts pour longtemps. En affirmant que « l’élection présidentielle au Gabon est derrière nous », ils sont démentis par les principaux candidats à l’élection présidentielle en France. En effet, Emmanuel Macron, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon … viennent de prendre une posture contraire. Pour eux, l’élection de BOA ne passe pas, car non conforme aux codes démocratiques modernes. A l’exception notable de la chef de l’extrême droite, Marine Le Pen Marine, qui montre, par sa visite au président Idriss Deby du Tchad, qu’elle s’accommoderait très bien des dictateurs africains, Emmanuel Macron, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon ont pris des positions sans aucune ambigüité avec la mascarade électorale qu’a connue le Gabon, au point que BOA reste, à leurs yeux, un président illégitime et controversé. Il est fort à parier qu’une fois au pouvoir, Emmanuel Macron, François Fillon ou encore Jean-Luc Mélenchon

auront à cœur de traduire dans les faits leur condamnation sans réserve des méthodes utilisées par BOA avec l’appui du trio Ayrault, Valls et Hollande (AVH). Interrogé sur les antennes de Radio France Internationale (RFI) en début de semaine dernière sur l’élection contestée de BOA au Gabon, François Fillon a déclaré : « La France ne doit pas soutenir des pratiques antidémocratiques. Elle ne doit pas venir au secours des dirigeants africains qui manipulent les élections. » Pour le candidat de la droite républicaine, cela voudrait dire qu’il va falloir au plus vite que la France, sous sa conduite, revienne à se conformer à cette nouvelle réalité. Pour BOA, cela se traduirait par des lendemains qui déchantent. Emmanuel Macron n’a pas été moins incisif sur la même question. Le candidat d’« En Marche ! » considère que « l’élection de monsieur Bongo est pleine d’incertitudes et d’inconnues qui justifient un jugement circonstancié ». Il est clair pour Macron que, s’il est élu, il s’attellerait à déterminer « ces inconnues et incertitudes », avant de définir une nouvelle relation avec le Gabon. On imagine bien que pareille perspective ne peut pas laisser BOA serein.

Enfin, Jean-Luc Mélenchon, à de nombreuses reprises, n’a eu de cesse de déplorer la forfaiture de BOA. Au Parlement européen, au plus fort de la crise au Gabon, le candidat de la « France insoumise » avait, en des termes très durs, condamné le putsch militaro-fasciste perpétré par BOA. Au moment où le trio AVH s’ingéniait à faire admettre à tous le fait accompli. Sur sa page Facebook, Mélenchon avait violemment pris à partie la position ambiguë de la France officielle, qu’il a assimilée à du « néocolonialisme paternaliste ». La crise postélectorale que traverse le Gabon depuis sept mois est très loin de connaître son épilogue. Les candidats à l’élection présidentielle française viennent de l’indiquer. Il faut, dès lors, craindre que son intensité ne s’amplifie avec l’arrivée prochaine d’un nouvel exécutif en France. Les hommes forts qui peuvent l’incarner, au regard des sondages d’opinion actuels, expriment tous la volonté de remettre ce processus au goût du jour. Sans oublier que l’Union européenne, la Cour pénale internationale et, dans une moindre mesure, la justice française, sont tous en embuscade pour se faire le scalp de BOA.

sens politique, va pondre un communiqué pour inviter « tous les ressortissants du Woleu-Ntem » à se rendre au siège du PDG à Louis, pour préparer l’arrivée de BOA. Un premier couac qui n’augurait rien de bon. Les originaires du Woleu-Ntem, qui fuient le PDG comme de la peste, ont naturellement décliné l’offre. Pour certains qui voulaient « soutenir » le déplacement de BOA, « Nkéa aurait pu choisir une place neutre comme la Chambre de commerce ». Au siège du PDG à Louis, Francis Nkéa, initiateur du communiqué, n’a même pas pris la peine de venir à la réunion qu’il avait lui-même convoquée. Daniel Ona Ondo, en sa qualité de mem-

bre du comité permanent du PDG, en profitera pour se remettre en selle. Il présidera la rencontre et fixera les règles. A savoir la répartition théorique du pactole de 50 millions de FCFA décaissé par BOA. Francis Nkéa, le dépositaire de la somme, étant absent, il était impossible de procéder à la distribution des enveloppes séance tenante, comme le souhaitaient plusieurs militants du PDG et autres PS alliés de circonstance du PDG. Daniel Ona Ondo fixera également la règle en ce qui concerne les discours que devront prononcer les PS à la gloire de BOA. Pas question de la moindre doléance du type pas de routes, pas d’hôpitaux, pas d’écoles.

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Cela pourrait rendre désagréable le séjour de BOA. Il faut plutôt forcer les traits en matière de repentance. Les rédacteurs de tous les discours devaient exprimer leur profond regret à l’endroit de BOA pour avoir « mal voté » le 27 août dernier et demander pardon. Avec la promesse qu’ils ne se laisseront plus abuser « par des hommes politiques aux desseins inavoués ». Les discours devaient également marteler le soutien du « Woleu-Ntem » au dialogue de BOA. Toute cette alchimie a volé en éclats. La mobilisation n’était point au rendez-vous. Francis Nkéa va-t-il alors rendre les 50 millions de FCFA de BOA ?

Le dernier va-tout d’Ali Bongo Plus les mois passent, plus le visage du despote trahit sa fébrilité. Les produits cosmétiques et autres ne font plus d’effet. Le hold-up électoral perpétré au soir de l’élection présidentielle du 27 août 2016 semble avoir définitivement scellé le sort du dictateur, qui tente de s’accrocher à tous les paravents.

Par Kake Nenda

D

epuis la dernière élection présidentielle, la voix du changement retentit dans les cœurs de tous les Gabonais. Une fièvre du changement, telle une maladie contagieuse, a frappé toutes les couches de la population, y compris dans la galaxie du dictateur Ali Bongo. Ce dernier se compte que rien ne sera plus comme avant. Au-delà de la confiscation du pouvoir, les Gabonais lui tiennent rigueur pour le massacre de civils au soir du scrutin présidentiel. En réprimant férocement la manifestation de l’opposition, Ali Bongo s’est comporté comme un père de famille montrant les biceps à ses enfants. Or, une telle démonstration est un aveu de faiblesse devant sa progéniture. L’autre signe du ras-le-bol qui ne trompe pas, c’est le refus pour l’opposition radicale et la société civile libre de participer au simulacre de dialogue inclusif organisé par Ali Bongo. Ce geste d’alerte est un thermomètre éloquent qui signale que le peuple gabonais refuse de considérer l’imposteur comme son président. « Quand on demande même aux enfants qui est le président élu du Gabon, ils répondent sans ambages que c’est Jean Ping », explique une mère de famille domiciliée à Lambaréné. La troisième voix du changement est celle qui vient de révéler le scandale des détournements de plus de la moitié du budget de la présidence de la République. Dans cette supercherie, le véritable instigateur est Ali Bongo. Tout le monde se souvient de toutes ses folies dispendieuses à travers le Gabon et à l’étranger. Il lui sera difficile de convaincre, même le plus obtus des Gabonais, que ses collaborateurs détournaient l’argent du contribuable sans son blanc-seing. Fin de règne La quatrième voix du changement est celle de ces hommes et femmes qui s’investissent corps et âme, pour qu’une enquête internationale soit menée sur le massacre à la dernière élection présidentielle. La société civile, représentée par Georges Mpaga

et le pasteur Georges Bruno Ngoussi, viennent de séjourner au siège de la Cour pénale internationale (CPI) où ils ont fait un grand plaidoyer sur le Gabon. L’étau de la justice internationale pourrait se resserrer, dans un avenir proche, sur le régime d’Ali Bongo. La dernière voix qui confirme la fin de règne de sa dictature est cette grève générale illimitée déclenchée par la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed). Le mot d’ordre est largement suivi, malgré la décision du gouvernement de dissoudre cette centrale syndicale. Rien ne dit que le paiement des primes dues aux enseignants décantera la situation. Dès lors, d’aucuns estiment que l’opposition, la société civile, les syndicats et l’armée doivent prendre leur responsabilité avant que le pays ne sombre dans des violences programmées par le tyran. Dans cette dynamique, pour éviter un bain de sang, ces forces vives de la nation doivent mettre en place un gouvernement de transition de plus ou moins une année, pour organiser des élections apaisées. En l’absence de cette transition, Ali Bongo, qui a le dos au mur, va plonger le pays dans les affres d’une guerre civile s’il reste au sommet de l’Etat. Même s’il dépense sans compter pour ses services de renseignements afin d’endiguer la contestation qui enfle dans le pays, le despote sait à présent que sa marge de manœuvre est extrêmement réduite. Les Gabonais ne le laisseront pas à la tête du pays pendant sept ans encore. Tôt ou tard, le dictateur et ses sbires seront rattrapés par l’histoire. D’où l’ultime va-tout de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Ce débat qui s’ouvre au pays, malgré l’intimidation envers l’opposition, les arrestations musclées des membres de la société civile, des morts non élucidées, doit renforcer la détermination des Gabonais pour mettre hors d’état de nuire cette cohorte de délinquants. Catastrophe nationale S’inspirant des méthodes de Blaise Compaoré, le dictateur Ali Bongo agite la menace du remaniement gouvernemental et

de l’ouverture à l’opposition pour acheter certaines consciences. De toutes les façons, tout se monnaie au Gabon. Le despote a bafoué le processus démocratique dans notre pays, l’Etat de droit est mis à mal, et l’opposition est harcelée à outrance. Il a fait du clientélisme, de l’incompétence et de la corruption ses instruments de gouvernance. De même, il a fait de la désorganisation du pays sa marque de fabrique. D’autres pays africains s’adonnent à cet exercice sans que cela tourne à l’amateurisme. Tout le monde s’accorde à dire que son maintien au pouvoir est une catastrophe nationale et la monopolisation de l’appareil d’Etat par son clan mafieux est un des marqueurs de ce régime. Le dictateur pousse son cynisme jusqu’au paroxysme. Contribuer à l’épanouissement des fils du pays le laisse indifférent. Dans tout le pays et à l’étranger, l’opposition est vent debout. La voix du régime dictatorial est inaudible, faute d’arguments après la débâcle électorale du 27 août dernier. Elle est engluée dans son double langage. Celui du jour qui consiste à distraire une partie de la population et celui du soir qui consiste à aller chercher, à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes, des alliés dans les rangs de l’opposition. Le pouvoir n’a réussi à ce jour qu’à pêcher René Ndemezo Obiang, Pierre-Claver Maganga Moussavou, Séraphin Ndaot et Bruno Ben Moubamba, du reste connus pour leur appétence pour le pouvoir. Comme quoi, le ridicule ne tue pas. Ces pseudo opposants et torpilleurs de notre processus démocratique devront rendre des comptes au peuple au même titre que le dictateur en décri. Fin connaisseur de l’appétit de ses opposants, Ali Bongo achète les uns et les autres avec l’argent qui aurait dû servir à assouvir les besoins de la population. Celle-ci ne veut pas se résigner au recyclage, le Gabon ayant besoin d’un renouveau. Les écuries d’Augias doivent être nettoyées de fond en comble. Le départ d’Ali Bongo est à la portée des Gabonais. Il suffit que ces derniers se mobilisent pour atteindre ce dessein.

poLITIqUe

ECHOS DU NORD N°430 du Lunedi 10 Avril 2017

Justice

Le président de l’Eglise évangélique du Gabon aux arrêts Jean-Jacques ndong Ekouaghé est un des facilitateurs de dialogue de BoA

proche », avant d’être jugé selon la procédure d’urgence. Et pour toutes affaires cessantes, la sentence est vite tombée : « six mois d’emprisonnement, dont trois mois ferme et trois mois avec sursis, plus 5 millions de francs à verser à Henriette Ntsame au titre des dommages et intérêts ». Ainsi depuis vendredi, on ne sait pas s’il a été immédiatement déféré, ou s’il est retenu dans une brigade de la place. Dans tous les cas, le pasteur Ndong Ekouaghé n’est pas à Baraka. Jean-Jacques Ndong

Ekouaghé est, aux côtés l’archevêque de de Libreville, Mgr Basile Mvé Engone, de l’imam Oceni Osa du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon et du pasteur Michel Francis Mbadinga de l’Église de Béthanie, un des facilitateurs du dialogue politique que BOA a convoqué depuis le 28 mars Ces quatre dernier. hommes de Dieu ont été retenus sur la base de leur « impartialité et d’une probité morale ». Le pasteur Jean-Jacques Ndong Ekouaghé est en poste à la grande paroisse de Baraka, comme pasteur titulaire depuis de nombreuses années. Son mandat à la tête de l’Église évangélique du Gabon prendra fin prochainement. C’est du reste un des rares bergers à servir Dieu tout en s’investissant dans l’entreprenariat. Avec son arrestation pour des faits qui heurtent la morale chrétienne, on se demande sur quelle base il a été choisi pour faciliter une rencontre qui est prévue pour décider de la vie de nombreux gabonais.

mémoire desquels ce culte était célébré. Vraiment inouï. Le pasteur Ndong Ekouaghe aurait dû au moins attendre la fin de la célébration, voire appeler le chef de famille en aparté et le lui signifier. Ou encore, dans une certaine mesure, user de diplomatie pour dire sa frustration. Mais là, en public et au début du culte, ce n’était ni le moment ni l’endroit. C’était là la substance des commentaires exprimés par les participants à ce culte. Comment ne pas établir un parallèle entre cette affaire et le « monologue » de BOA auquel il apporte la caution

morale de l’Eglise évangélique du Gabon? Ce ne serait alors qu’une affaire de gros sous. Il est certain que le pasteur Ndong Ekouaghe n’a accepté son rôle, pas parce qu’il veut sortir le pays des affres de la crise sociopolitique qui le tenaille, mais plus parce qu’il est sûr qu’au bout du « théâtre », sa présence complice sera rétribuée en espèces sonnantes et trébuchantes. Les personnes présentes à ce culte sont amenées à le penser après ce qu’elles ont vécu. De nombreuses autres, qui finiront par croire que le pasteur Ndong Ekouaghe n’est guidé que par l’argent.

Par Pierre Durand

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ix mois de prison, dont trois mois ferme et trois avec sursis. Telle est la peine qui a été retenue contre le président de l’Église évangélique du Gaon, le Jean-Jacques pasteur Ndong Ekouaghé. Une information confirmée par la paroisse protestante de Baraka. C’est donc un des facilitateurs du dialogue de BOA qui est désormais sous main de la justice depuis vendredi dernier. Motif de cette interpellation : « injures publiques et diffamations » à l’endroit de dame Henriette Ntsame, chrétienne de la paroisse d’Ondogho. Si le délit retenu contre l’ecclésiastique est bien passible de peine de privation de liberté, ce qui a amené le parquet à décerner un mandat d’emmener, c’est surtout son attitude hautaine et méprisante vis-àvis de la justice. Un pasteur de l’Église évangélique du Gabon, proche du mis en cause, que nous avons joint indique que Jean-Jacques

Ndong Ekouaghé aurait refusé de déférer à plusieurs convocations du parquet de la République, faisant valoir ses soutiens aux côtés de BOA, son statut d’émergent et de sa relation particulière avec un membre d’une haute institution. L’autre fait reproché à l’homme de Dieu, c’est la tentative de corruption des avocats de la plaignante, pour que ceux-ci abandonnent les poursuites. Se sentant outragé, le procureur de la République a émis un mandat d’emmener à son encontre, pour qu’il soit « interpellé, puis déposé à la maison d’arrêt la plus

Le pasteur de Baraka Par Gil Lawson

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ne chose inédite s’est produite dans la chapelle, rénovée dans le temps par Georges Rawiri, à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire du décès des époux Rawiri. L’inédit est venu du pasteur Jean-Jacques Ndong Ekouaghe de Baraka, président de l’Eglise évangélique du Gabon. D’entrée, ce dernier va s’adresser à la famille des disparus en rappelant les volontés de Georges Rawiri quand il s’agissait des célébrations en sa mémoire. Il leur dira, à juste titre, que le défunt avait demandé qu’il n’y ait point d’offrandes pendant la célébration. Toutefois, poursuivra le pasteur, lors de la toute première célébration, en cette paroisse de Baraka, demandée par son épouse de son vivant, les vœux de Georges avaient été bien respectés, mais la défunte (Jacqueline Rawiri) accompagnait chaque demande d’office religieux d’une enveloppe dont le contenu, a-t-on appris, était de 2 millions de FCFA. Et le pasteur de rappeler qu’il y a un tas de services qui accompagnent toute célébration. Entre autres la chorale, les charges d’électricité. Pour tout cela, la famille était

tenue de faire un effort. Des paroles qui n’ont pas manqué de créer gêne et frustration chez les participants, en début de célébration. De fil en aiguille, l’on apprendra qu’en réalité, une enveloppe aurait été remise au pasteur mais qu’elle ne contenait pas exactement le montant que Jackie Rawiri avait l’habitude de donner. C’était, semble-t-il, quatre fois moins. Voilà ce qui a provoqué l’ire du pasteur, qui a pratiquement signifié à l’assistance qu’il célébrait ce culte malgré lui et, l’on suppose, pour un minimum de reconnaissance des quelques services rendus à cette paroisse par ceux en

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Suspension de la Conasysed

L’avocat du diable BilieBy-nze s'enfonce dans l’ignorance arrogante

Par Sophie Beuve Mery

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’exprimant sur la suspension de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed), le 7 avril, le porte-parole du gouvernement des putschistes, Alain-Claude Bilie-By-Nze a déclaré au cours de son habituelle conférence de presse : « La Conasysed c’est finie. » En effet, si pour le putschiste, « ce problème est réglé et il n’y a plus aucune raison pour que ce mouvement de grève se poursuive », pour les syndicalistes, tout ne fait que commencer et force reste à la loi. Louis Patrick Mombo, leader de cette intersyndicale, s’est d’ailleurs bien amusé de voir à quel point le ministre est totalement en porte-à-faux avec les textes. « Nous ne considérons pas tout ce que dit Bilie By Nze. Nous, c’est la loi et elle est au-dessus des institutions. Étant État de droit, nous sommes régis pas la loi. Aussi, nous nous battons sur le fait que la dissolution de la Conasysed est illégale puisse que les conventions internationale sont claires. ‘’Les organisations de l’employeur et du travailleur ne sont pas sujette à dissolution ou à suspension par voie administrative.’’ Nous osons espérer que justice sera faite parce que la loi est claire. Ce que dit Bilie-By-Nze n’engage que lui », a-t-il tenue à clarifier. Alors que la grève perdure dans le secteur éducation, le porte-parole du gouvernement de la junte, loin de vouloir apaiser la situation, ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Pour leur part, les syndicalistes ne sont pas prêts à se laisser faire devant cette violation des libertés syndicales. C’est d’ailleurs le point de vue de leur conseil, Me Martial Dibamgoyi-Loundou, lorsqu’il soutient : « On n'a pas à répondre à une telle déclaration. D’autant plus qu'on a des procédures qu'on va engager devant le tribunal. Ce sont les juges qui nous donneront la réponse. C’est eux qui diront si la Conasysed est finie ou pas et non le porteparole du gouvernement. Ils ont pris une décision administrative, les juges vont trancher. » Pour Bilie-By-Nze, cette décision émane du fait qu’ « il y a eu des violences, des voies de fait qui ont amené le ministre de l’Intérieur, sur saisine de son collègue du ministère de l’Éducation nationale, à prononcer la décision de suspension des activités de la Conasysed, mais pas la dissolution des syndicats qui la composent.» De quelles violences parle le ministre ? Celles qui sont sans cesse orchestrées par les forces armées, qui ont fait des établissements secondaires leurs camps de repos, violant à ciel ouvert les franchisses scolaires et universitaires ? Ou bien encore celles que l’Etat n’arrive pas à endiguer ni prévenir au sein des établissements secondaires, avec des élèves donnant la mort à leurs condisciples ? La violence dont parle Bilie By Nze est bien celle que les agents des forces de l’ordre exercent sur la jeunesse qui revendique de meilleures conditions d’étude. Des forces de sécurité, encagoulées, qui n’hésitent pas à lancer des bombes lacrymogènes et des grenades assourdissantes, agrémentées de coups de matraque et de brodequins à des élèves de moins de 10 ans. Leur seule faute étant de revendiquer pacifiquement le retour des enseignants dans les salles de classe et le paiement de leur bourse. En quoi la responsabilité de ces mouvements doit-elle incomber aux syndicalistes de la Conasysed ? Bilie By Nze veut-il appliquer à la Conasysed la stratégie qui avait permis à René Ndemezo’o Obiang, ministre de l’Enseignement supérieur, de décapiter le mouvement syndical étudiant, du temps où lui, Bilie By Nze, était à la tête du Syndicat des étudiants du Gabon (Seg) et de la grève s’étant soldée, en mai 1994, par des violences physiques sur la personne de Daniel Ona Ondo, alors recteur de l’Université Omar Bongo (UOB) ?

poLITIqUe

ECHOS DU NORD N°430 du Lunedi 10 Avril 2017

L’eDIToRIAL d’OYEASSEKO

« Je ne regrette rien »

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’est ce que disait Bongo Ondimba Ali (BOA) dans une interview à l’hebdomadaire « Jeune Afrique ». Si cette phrase empreinte d’arrogance traduit la véritable nature de l’homme, une chose est à retenir : des Gabonais, BOA n’en a cure. Seul lui importe le trône. Ainsi, alors que sa réélection à la présidentielle de 2016 souffre davantage de constatations, BOA déclare : « Je n’ai rien à regretter. » Que François Fillon, ancien Premier ministre, candidat des Républicains à la présidentielle française, qui avait pourtant reconnu sa victoire en 2009, ait réaffirmé sur les ondes de RFI ses doutes quant aux résultats obtenus par BOA au terme de la présidentielle d’août 2016 au Gabon. Que, peu avant lui, Emmanuel Macron, le candidat du mouvement « En Marche ! », la veille, ait été clair sur l’ambiguïté de sa réélection, parlant d’une élection bourrée « d’incertitudes ». « Je ne regrette rien », lance le putschiste en chef BOA. Oui, comment peut-il en être autrement ? Il ne « regrette rien » au sujet des bombardements au Quartier Général (QG) de son principal adversaire, Jean Ping. Il ne « regrette rien » quant aux conséquences de ces bombardements, des exécutions sommaires de jeunes Gabonais dans les rues de Libreville, des disparitions dans toutes ces familles qui ont perdu un proche et n’arrivent toujours pas à faire le deuil des leurs. De la misère des Gabonais. Il ne « regrette rien». Des 5 000 logements qu’il a été incapable de construire. Il ne « regrette rien». Des élèves réprimés, privés de la minable bourse, quémandant jusqu’aux tables-bancs, dans un système scolaire qui pleure des réformes urgentes ; des enseignants qui sonnent l’alarme pour signaler l’agonie de l’école gabonaise. Il ne « regrette rien». Toujours sur le plan éducatif, BOA ne regrette rien si en plus de sept années de gestion du pays, aucun établissement n'est sorti de terre. Les années scolaires se succèdent désormais et se racontent en répression estudiantine et en jets de gaz lacrymogènes sur les élèves. Pour neuf mois de cours, on en fait trois. Là aussi, il ne regrette rien. Le pays va à vau-l’eau sur tous les plans. Il ne regrette rien. Y a la catastrophe du système de santé. Il ne regrette rien. Du contribuable gabonais spolié, mis en esclavage pour maintenir le train de vie démentiel de BOA. Il ne regrette rien. BOA ne regrette rien de ces femmes qui accouchent et dorment avec des nouveau-nés à même le sol dans les couloirs des hôpitaux de Libreville. Comme il ne regrette pas de ne pas avoir équipé en plateaux techniques les établissements sanitaires, quitte à ce que certains médecins soient amenés à renvoyer les patients chez eux pour mourir par manque de dialyse. Tout comme il ne regrette pas de réduire l’assurance maladie de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) à une simple opération de communication. Voyager, encore, encore et encore. Oui, le président n’a cure de ces éboulements et inondations qui engendrent des drames dans son pays. La preuve, lorsque cela arrive dans un pays étranger, il court apporter son soutien. Mais, lorsque les habitants de Kinguelé, Batavea ou Akanda sont inondés, lorsque les orages ravagent les toitures des maisons dans tout le pays, BOA envoie les flics si les sinistrés expriment bruyamment leur désarroi. Et là, il ne regrette toujours rien. Le malaise gabonais ? Le vivre ensemble qui fout le camp ? La haine qui gangrène le cœur des émergents ? La fracture sociale ? Il ne regrette rien. Comme dans « Guernica » où Pablo Picasso décrit les atrocités de cette féroce guerre d’Espagne, une toile qui dit le Gabon sous BOA dépeint mal-être et mal-vivre, crimes rituels, pédophilie, viols, assassinats… des coupables et commanditaires dotés de parapluies politiques, BOA « ne regrette rien ». La misère sociale oscille entre la paix, tant vantée par les émergents, qui n'est qu'une paix des cimetières, la liberté d’expression, qui est sous dictée, car il faut la pensée conformiste. Le panier de la ménagère ne grappille que quelques petits poissons avariés et BOA ne regrette rien. Ce panier de la ménagère qui subit moult restrictions, soutenues par la misère de la même technicienne de surface accablée par l’impôt, alors que BOA n’en connaît point. Comment peut-il exprimer des regrets ? Question : l'arrogance, l'imposture et l’irresponsabilité auront-elles jamais des regrets ?

ECHOS DU NORD

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Le jeu pernicieux de Guy Rossatanga Rignault Stephen Jean Landry

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e 28 février 2017, à l’ouverture des travaux du dialogue « inclusif et sans tabou », Ali Bongo a prononcé un discours si insipide et surréaliste que la qualité de son rédacteur, quant à sa maîtrise de l’histoire politique du Gabon, ne pouvait qu’être mise en doute. En fait, l’on se demandait quel plumitif avait pondu autant de contrevérités. La réponse nous a été certainement donnée par Guy Rossatanga Rignault, enseignant d’université et secrétaire général de la présidence de la République. En effet, à voir la vigueur et l’énergie qu’il met à en défendre le contenu, l’on serait tenté de lui en attribuer la paternité. C’est, du moins, l’impression qui se dégage de son entretien publié dans l’Union du lundi 3 avril 2017. A cette occasion, avec une mauvaise foi qui frise le révisionnisme, il continue à vouloir faire prendre des vessies pour des lanternes. Pourtant, ses dires ne sont que des inepties, en ce qu’ils sont marqués du sceau de la partialité. Il lui faut plaire à son maître. S’il avait l’humilité qui distingue les grands et véritables intellectuels, il se serait gardé d’une telle sortie. Surtout que ses incursions dans l’histoire politique gabonaise, notamment celle d’avant l’indépendance, paraissent peu documentées. D’où l’impression d’une certaine approximation dans sa relation des faits. La magistrale leçon que lui a donnée, par livres interposés, le professeur d’histoire et de science politique Wilson André Ndombet, quant au déroulé exact, au plan historique, de l’élection à l’Assemblée territoriale de 1957, aurait dû l’assagir (voir encadré ci-contre). Que nenni ! Il persiste et signe. Pourquoi un tel entêtement ? Pourtant, les données auxquelles il fait référence le contredisent. En aucune façon, elles ne lui permettent d’établir une loi d’airain qui voudrait que toutes les élections qui ont eu lieu au Gabon ont été contestées, parce que frauduleuses. Sans démarche heuristique préalable, il a décrété qu’il en est ainsi. Curieux, tout de même, pour un enseignant d’université, dit-on, de haut vol ! En effet, confrontée au vécu, sa supposée loi se révèle être d’une opérationnalité plus que discutable. A preuve, elle n’est pas opératoire, lorsqu’on l’applique à l’élection de 1957. Cela est si vrai que l’éminent professeur Guy Rossatanga Rignault, comme pour ne pas se mettre à mal et se déjuger, reconnaît lui-même que, pour ce scrutin, « il ne s’agissait pas vraiment de fraude au sens courant du terme ». Alors, de quoi s’agissait-il ? Nul ne sait. Même pas luimême, visiblement. Une chose est sûre, cependant, son approche manque de pertinence. Elle est le fruit d’un apriorisme qui masque mal un parti pris difficilement assumé. S’il en était autrement, ses tentatives de justification n’auraient pas de raison d’être. Il aurait donc clairement tranché. Or, il est resté entre deux, se refusant à préciser la véritable nature de l’élection de 1957. Au final, que retenir, après ses vaines explications qui ne sont que des arguties ? Rien ! Si ce n’est l’indécision. D’où ce questionnement qui demeure en l’état : frauduleuse ou non frauduleuse, l’élection concernée ? Pourtant, pour ce qui est de ce scrutin, il n’y a pas matière à hésiter ou à en donner une vision reconstruite, c’est-à-dire contraire aux faits. Que le « savant » Guy Rossatanga Rignault le veuille ou non, en aucune façon le choix fait par certains élus indépendants de rejoindre les rangs du Bloc démocratique gabonais (BDG) ne saurait être assimilé, de près ou de loin, à une fraude. Sauf à avoir oublié ce b.a.-ba, enseigné dans toutes les facultés de droit, et qui reconnaît à tout élu indépendant de faire route avec tout parti de sa préférence. Nul ne peut lui faire obligation de procéder autrement, si tel n’est pas son bon vouloir. N’est-ce pas là la libre expression de son statut d’indépendant ? Il faut croire que Guy Rossatanga Rignault en a une perception qui lui est personnelle. C’est, au demeurant, ce qu’il entend signifier quand il se désole de ce que « malheureusement pour l’UDSG la plupart de « ses » indépendants rallieront le BDG, une fois élus ». Il y a dans ce propos une incongruité, dès lors que, par essence, un élu indépendant ne peut, a priori, être revendiqué par aucun parti. D’autant que, par ailleurs, il se présente toujours aux suffrages des électeurs en ne se réclamant d’aucune obédience. Dans tous les cas, son propos aurait été respectueux de la vérité historique, s’il s’était rappelé que le distinguo existant entre un élu « indépendant » et tout autre élu tient fondamentalement au fait que le premier cité n’est pas tenu par les logiques d’appareils. Il ne doit rien à personne. Notamment à aucun parti. Il n’a donc pas de comptes à rendre à qui que ce soit. Même pas à ceux qui l’on élu. Ce que prévoit, aujourd’hui, l’article 39 de la Constitution, en stipulant que : « Tout mandat impératif est nul. » Le Centre d’études et de recherches constitutionnelles, rattaché à la Cour constitutionnelle, ne dit pas autre chose, en énonçant que : « Le parlementaire exprime la volonté de la Nation et non des électeurs qui l’ont élu. » « L’érudit » Guy Rossatanga Rignault se trompe donc, en voulant, par le verbe, à défaut d’arguments solides, compter cette élection de 1957 parmi les scrutins frauduleux. Il devrait, certainement à son corps défendant, se résoudre à accepter que les méthodes mises en place par les Bongo pour s’installer et se maintenir au pouvoir ne sont pas forcément les bonnes. C’est pourquoi, le juriste qu’il est, ou prétend être, devrait faire preuve d’un minimum de discernement, quand il traite du processus électoral au Gabon. Ainsi devrait-il éviter de se précipiter de mettre autrui à l’index. En effet, que veut-il signifier, en affirmant qu’ « il faut bien noter la quasi-absence de fairplay chez la plupart des acteurs politiques nationaux qui n’acceptent que difficilement l’idée de défaite » ? A qui pense-t-il ? Certes, comme il le souligne, « l’élection est normalement une modalité de pacification du champ politique ». Nul ne peut en douter. Mais encore faudrait-il, pour qu’il en soit ainsi, que les règles du jeu soient respectées. Est-ce que tel avait été le cas, pour l’élection du 27 août 2016 ? Si oui, que le « professeur » Guy Rossatanga Rignault édifie alors l’opinion publique nationale et internationale, en démontrant juridiquement pourquoi et comment la Cour constitutionnelle, après avoir, conformément à l’article 127 du Code électoral, annulé les votes de certains bureaux de votes, ne les a pas fait reprendre, tel que stipulé par le même texte ? Que dit ce texte ? Il est précis : « En cas d’annulation de tout ou partie des élections, le collège des électeurs est convoqué dans les deux mois qui suivent la date de la décision d’annulation. » Pourquoi donc, le juriste et le politologue qui l’habitent ne se sont-ils pas insurgés contre cette manière de faire de la Cour ? Décidément, demander à « la plupart des acteurs politiques nationaux » d’être fair-play lui est plus aisé. Il devrait savoir que sa qualité de professeur d’université lui permet de commenter les décisions de la Cour ? Alors, on attend que ses lumières sur les sombres ombres qui encombrent la décision relative au contentieux de la dernière élection s’estompent. On est impatient d’être édifié. Que l’attente ne soit pas trop longue, voire indéfinie !

Directeur de la Publication par Intérim Raissa Oyeasseko Tel: 05.02.50.73 Tel: 05.54.40.46 Directeur de la rédaction délégué MIHINDOU BISSIELOU Rédacteur en Chef éditorial Jean Michel Sylvain: Mail, ansy1114@ gmail.com

Grand Reporter Prince Villa Coordinateur Pierre Durand Analystes: Ramses Frank / SYA/Arthur Page / Zang Memine Journalistes : Fam Kesley / Henri Gauthier / Sophie Beuve Mery / Ledivin /Stephen Jean Landry / Kake Nenda

Contribution spéciale : Pierre Durand / PLO / Gill Lawson Impression : MULTIPRESS Distribution : SOGAPRESS Tirage : 20.000 ex. D.L.B.N N°2359/11/2016

SoCIeTe

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Engagement politique

Portrait de deux jeunes panthères Par Naelle Sandra Nanda

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l’heure où le monologue politique fait sa fête au Gabon et que la politique du ventre, du vendre, du mentir et du trahir prend ses aises sur la place publique ; que la jeunesse est réduite à la débauche et à la figuration, deux jeunes femmes gabonaises ont décidé de s’engager en politique. Pas cette politique avariée qu’on nous sert à longueur de discours, non. Pas cette politique qui appauvrit la majorité et enrichit une minorité, non. Pas non plus cette politique dictatoriale qui emprisonne et torture les honnêtes citoyens qui osent clamer leur désir de changement, et tue les valeurs morales en imposant la perversité et le vice. Mais de la politique sociale. Plutôt socialiste. Celle qui cherche à penser et résoudre les problèmes sociétaux, économique, environnementaux, nationaux et mondiaux. Ces deux jeunes femmes sont à la tête du Mouvement des

jeunes upégistes (MJU), et osent faire bouger les lignes par leur dynamisme, leur intelligence et leur créativité débordante. Des femmes du présent et du futur, qui parcourent le monde pour rencontrer d’autres jeunes, partager, réfléchir à des solutions aux problèmes actuels. Mais surtout parler du Gabon et de sa situation démocratique chaotique. Elza-Ritchuelle Boukandou, présidente du mouvement des jeunes Upegistes, a succédé à Anges Kevin Nzigou. Elle

et sa vice-présidente, Doriane Lovinda Ndjimi Bignoumba Ibouanga, ont pris part, il y a quelques jours, au congrès mondial de l’Union l’Internationale des Mouvements de Jeunesses Socialistes et Sociaux-démocrates (IUSY), qui regroupe plus d’une centaine de membres partout dans le monde. Après la rencontre du comité africain de l’IUSY au Ghana en 2015, le congrès mondial l’IUSY en Arménie en 2015 et après l’Argentine en juillet 2016. L’objectif, nous dit

Paiement de la PIP et des vacations

quel gâchis ! Par Sophie Beuve Mery

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’est à trois mois de la fin de l'année scolaire que le gouvernement a fini par fléchir et a décidé de payer la Prime d’incitation à la performance (PIP) et des vacations (frais de supervision et de surveillance des examens d’Etat) aux enseignants. Alors que la dette pour venir à bout de la grève des enseignants était estimée à 13 milliards, il y a près d’un mois que le ministre de l’Education nationale, Florentin Moussavou, avait déclaré que l’Etat ne pouvait répondre à une telle exigence. Une véritable perte de temps pour cette jeunesse mal enseignée alors qu’on aurait pu gagner en temps et énergie et épargner deux trimestres catastrophiques aux élèves. Comme par magie, voilà que les 13 milliards qui doivent répondre aux besoins des enseignants sortent. C’est par un communiqué publié via les réseaux que « Le Ministre du Budget et des Comptes Publics, Mathias Otounga Ossibadjouo, porte à la connaissance de tout le corps enseignant que le paiement de la PIP et des vacations au titre des années 2015 et 2016 est effectif à compter du jeudi 06 avril 2017 sur l’ensem-

ble du territoire national. Les paiements numéraires seront effectués exclusivement auprès des trésoreries provinciales sur présentation des titres préalablement distribués par le secrétariat General du Ministère de l’Éducation Nationale aux agents bénéficiaires », a-t-on pu lire. Pourquoi avoir attendu six mois, quand on sait que le non-paiement de ces primes est l'un des points qui ont fait en sorte que la grève, lancée depuis octobre, perdure? Pourquoi avoir fait perdre deux trimestres aux élèves alors que le problème pouvait être solutionné bien avant? La réalité est que le gouvernement n’a cure des problèmes des enseignants et des élèves. Tout ce qui lui importe est de faire dans le saupoudrage. Ce n’est que dans le colmatage qu’il excelle. Conscient que l’année tire déjà à sa fin et qu’il y a des examens à organiser, les gouvernants se pressent de payer les primes pour essayer de sauver l’année scolaire. Mesure-t-il les dégâts occasionnés par ce je-m’en-foutisme qui fait reléguer au troisième plan ce qui constitue la priorité des priorités dans d’autres pays. Le gouvernement était bien conscient qu’il ne pouvait organiser les

prochains examens sans payer au préalable les vacations dues des premiers examens. Mais le problème reste entier. Les enseignants ne réclament pas que le paiement des primes. Ils savent que c’est un droit et qu’il allait tôt ou tard leur être versé comme l’a déclaré un syndicaliste: « il faut que les gens arrêtent de faire l'amalgame. Le paiement des vacations, c'est un droit. Nous avons travaillé et l'Etat doit nous payer. Nos revendications ne se limitent pas qu’à l'argent. Nous voulons que l'Etat prenne conscience de la précarité dans laquelle nous travaillons et pour y remédier, il doit construire des établissements, nous garnir de tables-bancs, revoir le problème des effectifs pléthoriques. Voici les réels problèmes des enseignants, les vacations et la PIP sont des acquis. » Le paiement des vacations et de la PIP ne va pas rendre à l’année académique 2016-2017 tout ce que l’immobilisme et l’amateurisme du gouvernement d’Issoze Ngondet lui a fait perdre en termes de stabilité et consistance des contenus pédagogiques. Quant à la confiance que chacun des candidats doit se forger à travers des efforts réguliers, on est loin du compte.

la présidente, est de « Réussir à construire une société politique ancrée sur les valeurs du socialisme. Parce que nous voulons pouvoir participer au changement du système politique Bongo-PDG en action depuis près de cinquante ans ; parce que nous voulons débarrasser le Gabon du pouvoir cinquantenaire pouvoir construire et transformer le Gabon. Parce que nous

devons écrire le socialisme pour protéger nos valeurs africaines et anticiper les changements sociaux et inventer la société de demain. Faire entendre une voix singulière, celle de l’universalisme républicain ; poursuivre la prodes valeurs motion sociales internationales et porter une vision multilatéraliste du monde politique Entretenir des liens privilégiés avec nos parte-

naires écologistes et socialistes dans le monde, et dans la mesure du possible, susciter des regroupements idéologiques. Le MJU doit être en première ligne pour proposer des résolutions face aux grands défis mondiaux que sont la protection de l’environnement, la lutte contre la faim dans le monde, la démocratie et la transparence électorale, la régulation de la finance » Ces deux jeunes femmes souhaitent mettre en place une politique d’ouverture vers le monde en promouvant le multilatéralisme dans le respect, la préservation des valeurs locales et la promotion de notre culture. Que ce vœu de changement se réalise car c’est aussi celui du peuple gabonais. Pour que cette politique qui a le cheveu blanc au Gabon passe le relai. Et que nos deux panthères soient source d’inspiration dans l’engagement politique pour les jeunes les femmes.

Suite de la page 5

un échantillon du manque de crédibilité des écrits de m. Guy Rossatanga-Rignault relevé par le professeur Wilson-André ndombet

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l importe de remettre en cause la thèse validée dans certains travaux universitaires gabonais, selon laquelle l’élection de Léon Mba au poste de Vice-président du Conseil découlait de la prépondérance du principe de primogéniture, l‘avantage revenant, en cas d’égalité des voix entre les conseillers, au doyen d’âge, M. Flandre (président de séance) : « Il fut proposé que, conformément à un usage reconnu, la présidence de séance soit accordée au doyen d’âge. Et, c’est en cela que résidera « l’arme fatale » du BDG. En effet, c’est l’un des siens, le vieux forestier français, Paul Flandre, qui, au bénéfice de l’âge, sera porté à la présidence de séance. L’élection prévue à l’ordre du jour pouvait donc commencer une fois que serait résolue la question des modalités du vote […]. Si l’UDSG proposait un vote à bulletin secret, le BDG optait pour un vote à bulletin à main levée […] Vint alors le moment du vote. Celui-ci n’aurait plus relevé, en fait, que de la formalité. En effet, allait intervenir, à ce stade, un autre usage habituel dans ce genre de réunion : en cas d’impossibilité de départager les candidats, la voix du président compte double. Or le président bédégiste de séance ne pouvait voter que pour son camp. Sa voix comptant double. C’est ainsi que Paul-Marie Indjèndjet Gondjout sera élu président de l’Assemblée Territoriale. Le BDG présenta comme tête de liste, son chef : Léon Mba. Quant à l’UDSG, elle choisit d’envoyer au front l’un de ses jeunes loups, Jean-Marc Eko. Mais, plus que l’élection du président de l’Assemblée Territoriale, l’intérêt de cette série de scrutins résidait surtout dans celle, quelques jours après l’élection du président du Bureau de l’Assemblée, du Viceprésident du Conseil de Gouvernement qui allait se retrouver à la tête du nouvel exécutif néanmoins coiffé par le Gouverneur du Territorial […] Le scénario ayant servi pour l’élection du président de l’Assemblée fut à nouveau utilisé au moment de l’élection du Conseil de Gouvernement. Ainsi, lorsque le président

de séance mit les candidatures aux voix, en commençant par celle de Léon Mba, il n’y eut pas de miracle : les vingt bédégistes levèrent la main quand les élus de l’UDSG la gardèrent baissée. Sa voix comptant double, Léon Mba était porté à la Vice-présidence du Conseil de Gouvernement par vingt et une voix contre vingt à son adversaire. » Cette version orale, supposée recueillie auprès de l’ancien ministre Vincent de Paul Nyonda, rapportée et validée, notamment par Guy Rossatanga Rignault, n’est pas avérée. En effet, si l’on en croit les sources du Centre d’Archives d’Outre-mer, à Aix-en –Provence, qui n’ont, sans doute, pas été consultées : - Tous les scrutins décisifs s’étaient déroulés à huis-clos le 21 mai, ce qui avait permis aux conseillers de vagabonder ; - Certes, la première élection du Président de l’Assemblée Territoriale avait eu lieu au domicile de M. Flandre, président de séance du 15 mai ; - Paul-Marie Indjèndjet Gondjout avait fait le plein des voix BDG, soit 20 voix sur 20, alors que l’Assemblée en comptait 40 ; - Mais les conseillers UDSG, s’étant abstenus, les ont contestées. On a attendu, pour les entériner, le vote du procès-verbal du 21 mai 1957. A cette occasion, un nouveau scrutin sur 39 votants donna gagnant PaulMarie Indjèndjet Gondjout, soit 20 contre 18, le conseiller François Meyet, très malade et hospitalisé, ainsi que le conseiller Pierre Mariani, absent, tous les deux, membres de l’UDSG, n’ayant pas pris part au vote. - Il en fut de même de l’élection de Léon Mba qui finit d’ailleurs par une liste d’entente comme déjà vu. Il n’y a donc pas eu besoin d’utiliser le principe de la prééminence du vote du doyen d’âge conféré au président de séance, Paul Flandre …» (In « La transmission de l’Etat colonial au Gabon (1946-1966) Institutions, élites et crises » de Wilson-André Ndombet, aux éditions KARTHALA, 2009, pp. 82, 83, et 84)

eCoNoMIe

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Infrastructures

BoA atribue l’échec des projets à ses collaborateurs Par Jean Michel Sylvain

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e chef de la junte militaro-fasciste gabonaise a sorti le 5 avril, lors du conseil présidentiel sur les infrastructures, le grand jeu, pour montrer à l’opinion qu’il prenait désormais à bras-lecorps la question du développement des infrastructures. Un domaine dont la faiblesse est l’un des facteurs qui rendent peu attractif le climat des affaires au Gabon. Fidèle à son habitude, BOA a tenté d’attribuer le bilan extrêmement négatif de sa politique dans ce secteur aux autres. Tout en promettant qu’une telle « erreur de casting » ne serait plus possible dans le futur. Après sept ans d’exercice calamiteux du pouvoir, BOA découvre qu’il a conduit une action dans le secteur des infrastructures qui s’est traduite par la « multiplication de projets de construction sans programmation et sans

études préalables, irrégularités dans le mode d’attribution des marchés, non-respect du Schéma directeur national des infrastructures, etc. ». Il demande, dès lors, que ce système prenne fin. Les oreilles des personnes présentes ont dû siffler, notamment le cuspodien Emmanuel Issoze Ngondet, ministre du Budget au plus fort de cette gabegie Régis financière, Immongault, un membre influent du gang de la marraine Pascaline Mferri Bongo Ondimba, qui a su retrouver

sa place dans le gang du parrain Maixent Accrombessi. Sans oublier Ali Akbar Onanga y Obegue, le patron extrémiste du néo-Mogabo (Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba). Toutes ces personnes ont, à des degrés divers, participé à la distraction des budgets consacrés aux infrastructures que veut dénoncer BOA aujourd’hui. Il est étrange dès lors pour BOA de vouloir désormais « faire du neuf avec des vieux » qui en savent beaucoup désormais en

matière de « multiplication de projets de construction sans programmation et sans études préalables », en matière « d’attribution des marchés sans appels d’offres… ». Autant dire au grand malheur du Gabon, BOA n’a fait à cette occasion que se livrer à son exercice favori, à savoir le mensonge éhonté. Une fois au moins, durant son septennat écoulé, BOA a eu l’occasion de se rendre compte que les choses ne tournaient pas rond. Magloire Ngambia, sur qui on veut tout faire reposer maintenant, avait déclaré, en 2012, devant les députés que près de « 150 milliards de FCFA avaient été décaissés pour financer des études bidons ». Normalement, un tel aveu de son ministre en charge du Développement des infrastructures aurait conduit BOA à prendre des mesures pour arrêter une telle saignée. Or, l’homme qui feint de découvrir la gabegie aujourd’hui était resté stoïque, sans don-

ner la moindre « haute instruction » à son gouvernement pour agir aux fins de mettre fin à une telle dérive. Incapable qu’il était de contrarier le parrain Maixent Accrombessi et la pieuvre Delta Synergie qui étaient à la base de ces détournements. Vouloir jouer aujourd’hui « les immaculés », lorsqu’on a été soi-même au cœur du système que l’on veut dénoncer est tout simplement insultant pour les Gabonais et un crime pour l’activité économique du Gabon. BOA lui-, sans avoir l’aide de qui que ce soit, a lancé des projets bidons « sans études préalables, ni appel d’offres ». Le projet de la marina du champ Triomphal ou marina de Libreville mué désormais en « Baie des Rois » en fait foi. Aucune étude préalable n’a été faite. Les Gabonais, médusés, ont été surpris de voir un matin une maquette géante grandiloquente couvrir la devanture de la place de la foire de Libreville. Puis suivra

le démarrage des travaux par une entreprise chinoise dont personne ne sait comment elle avait été choisie. BOA a lancé dans les mêmes conditions la construction au PK 80, au village Andem, du nouvel aéroport de Libreville. Paul Biyoghe Mba, alors Premier ministre, avait demandé à l’entreprise Sogacer de procéder aux travaux de terrassement sur ce nouveau site. Là également, il n’y a eu ni étude ni appel d’offres. BOA lancera dans les mêmes conditions le projet de construction de la nouvelle prison de Nkoltang, à 22 km de Libreville. La route PK12Kango, soit un linéaire de près de 90 km. Entraco, l’entreprise de BTP de la famille de BOA, a été chargée d’exécuter ce chantier dans les mêmes conditions d’opacité. Dès lors, venir accuser d’autres des maux que l’on a soi-même contribué à créer donne tout simplement la mesure du sens de duplicité du personnage BOA.

Développement

Gestion du port d’Owendo

Le groupe Bolloré a roulé l’Etat Emmanuel macron prend les choses par le bon bout Par JMS

L

e constat est sans appel dix ans après avoir confié au groupe françafricain Bolloré et au groupe singapourien Portek la gestion des ports et rades du Gabon. L’Etat gabonais a été floué sur toute la ligne. Les conventions de cession de gestion d'une partie des activités portuaires en 2007 à Gabon Port Management (GPM), filiale du groupe Porteck, pour une durée de vingt-cinq ans sur l'exploitation partielle des deux sites portuaires d'Owendo et de PortGentil sont un échec. Tout comme l’est celle qui a été signée au courant de la même année, plus précisément le 15 mai 2007, avec le groupe françafricain Bolloré à travers la Société de Terminal à Containeurs du Gabon (STCG). Celle-ci, faut-il le rappeler, transfère au françafricain, pour une durée de vingt ans, l'exclusivité du service public dans l'étude de l'aménagement, de la gestion et de l'exploitation du terminal à containeurs d'Owendo. A savoir les opérations de manutention du bord de terre, chargement, déchargement des navires, transfert, déplacement, levage à toute manipulation et prestation liées aux opérations import et export de containeurs dans l'enceinte du port d'Owendo et de son environnement immédiat. Un spécialiste des questions portuaires parle d’un « bradage à ciel ouvert de la souveraineté nationale qu'est le port », orchestré par Jean-Pierre Oyiba, à l’époque directeur général de l’Oprag (Office des ports et rades du Gabon), et son conseil d’administration présidé alors par un certain BOA. Dix ans après la signature desdites concessions qui ont été dénoncées en vain à l'époque par plusieurs observateurs avertis, l'Etat est perdant sur toute la ligne. Pour une source qui a requis l'anonymat, « les concessions accordées à GPM et à STCG ont été une vraie mascarade. L'on se demande comment

Par Arthur Page

L

des hommes réfléchis ont pu donner autant de pouvoir à des groupes privés pour gérer les ports du Gabon. L'autorité portuaire est quasi impuissante devant ces lobbys qui dictent leur loi dans le port. Que peut-on attendre de ces opérateurs quand ils savent qu'ils ont 20 et 25 ans pour faire des ports du Gabon ce qu'ils veulent ». Une telle incongruité ne peut durer plus longtemps. L’Etat a le devoir de mettre un terme à ces accords léonins. Le cadre de la loi actuelle lui en donne la possibilité. Ces conventions, pilotées par Jean-Pierre Oyiba et BOA, ont été passées sans appel d’offres, contrairement au Code des marchés publics. Elles violent ensuite des dispositions de la loi 5/89 sur la concurrence au Gabon. Tout comme elles sont contraires à l’article 47 de la Constitution gabonaise qui dispose que « toute attribution d'un monopole fait l'objet d'un texte législatif ». Depuis 2007, année de ces forfaitures, l’Assemblée nationale du Gabon n’a jamais voté de telles dispositions en faveur du françafricain Bolloré ou du singapourien Portek. Cette seule carence suffit à annuler ces conventions sans dommage pour l’Etat. BOA, qui vient de lancer un exercice surréaliste de mea culpa en commençant par le volet infrastructures, doit maintenant corriger ses errements passés au profit du françafricain Bolloré et du singapourien Portek, par des conventions qui spolient l’Etat et les Gabonais. En les annulant au plus vite. « Cette convention est un scandale », dira

un juriste. « Comment comprendre que Bolloré s'octroie un monopole pour la gestion de nos ports. Et cela, sans le moindre respect de la législation en vigueur dans le pays ? », s'est interrogé cet homme de loi. Ces conventions ont un autre aspect négatif. Elles deviennent en réalité une force centrifuge qui s'oppose à la politique contre la vie chère. Au point que le coût d'un containeur partant de la Chine pour Owendo est nettement inférieur à celui du même containeur partant du port d'Owendo pour Libreville. Pas étonnant, dès lors, comme le confirment plusieurs études, que « les coûts trop élevés du transport maritime, du camionnage, de l’acconage, de la manutention et du transit fassent en sorte que le prix du kilogramme de riz, aliment de base au Gabon, soit 3 à 5 fois plus élevé que dans le reste de la sous-région ». Et il en va de même pour l'ensemble des produits de consommation. Une analyse confirmée par un universitaire. Selon ce spécialiste, sur « 1 kg de riz importé, la manutention représente 32 % du coût, le camionnage 25 % du coût. Le transit, transport inclus, représente quant à lui en moyenne 20% du coût et les redevances portuaires 10 %. Ainsi, si le kg de riz coûte 700 FCFA chez l'épicier, sachez que 500 CFA seront consacrés au remboursement des coûts d'importation de la marchandise ». Un tel système ne peut perdurer si l’on veut rendre attractif le climat des affaires au Gabon.

a sortie sur Radio France Internationale (RFI), en début de semaine dernière, du candidat à l’élection présidentielle française Emmanuel Macron donne des signes encourageants quant à l’avenir immédiat du développement du continent africain. Le dirigeant du mouvement « En Marche ! » veut s’appuyer sur d’autres forces pour conduire une politique de développement en direction des pays africains. Pour lui, il faut sortir du système actuel où l’appui de la France aux pays africains dans la mise en œuvre des projets de développement passe systématique par l’intermédiaire des grands groupes industriels français. Il reconnaît que ce système est le vecteur de la corruption des élites. Ce qui réduit considérablement l’impact desdits projets sur le bien-être des personnes concernées. Emmanuel Macron croit plutôt qu’il faut s’appuyer sur l’élite africaine, notamment la diaspora, les étudiants et les femmes, pour conduire ces projets. Tout en souhaitant concentrer l’appui de la France dans deux secteurs porteurs d’avenir : le développement de l’économie numérique et l’environnement. C’est une vision qui pourrait révolutionner la politique de développement si le candidat du mouvement « En Marche ! » était élu. Elle ne pourra que se traduire par des avancées réelles et rapides en matière de développement sur le terrain. Le schéma actuel où l’Agence française de développement (AFD), par le canal de qui transite l’aide française, octroie systématiquement aux grandes entreprises l’exécution des projets qu’elle finance ne marche pas. Ces grands groupes ne se soucient pas des besoins réels des populations. Ils cherchent plutôt à satisfaire d’abord les désirs des obscurantistes qui dirigent plusieurs pays africains.

Tout comme ils ne cherchent pas à valoriser l’expertise africaine dans tous les projets qu’ils mettent en œuvre. Leur seul objectif local semble être séduire les chefs d’Etats, pour espérer obtenir en échange d’autres marchés publics. Au Gabon, par exemple, le groupe Veolia a échoué durant vingt ans à mettre en place un système performant de production et de distribution d’eau au Gabon. Il est clair qu’en appliquant la vision d’Emmanuel Macron à ce projet, à savoir confier à l’expertise gabonaise avec l’appui des financements dédiés à l’aide au développement, le résultat aurait été tout autre. Les ingénieurs et techniciens gabonais auraient eu à cœur de faire étalage de leur savoir-faire. A l’image de ce que fait Veolia lorsque ce groupe est en charge d’un projet mis en œuvre en France ou en Europe. Ce type d’analyse peut s’étendre à la gestion des ports du Gabon confiée au groupe françafricain Bolloré. Le coût de la vie ne serait sans doute pas celui constaté au Gabon actuellement, si cette affaire était restée aux mains de l’Oprag, dont la gestion rationnalisée avec l’aide des capitaux dédiés à l’aide au développement aurait été confiée aux nationaux. Surtout, ceux issus de la diaspora et de la nouvelle élite universitaire. Il en est de même de la politique agricole du Gabon. Son sort

serait différent si l’aide de la France en la matière ne transitait par des ONG françafricaines – Agrisud Internationale pour le cas de l’institut gabonais d’appui au développement (Igad) –, mais parvenait directement à ces porteurs de projets agricoles. Emmanuel Macron, qui reste à moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle en France l’un des prétendants sérieux au trône, devra vaincre de nombreuses résistances en France pour faire admettre un tel schéma. Il signifie véritablement la fin de la Francafrique. Bolloré, Bouygues, Veolia, Total et leur penchant gabonais la pieuvre Delta Synergie mettront tout en œuvre pour faire échec à cette approche moderne du développement. Pour ces groupes qui n’hésitent plus à prendre des parts actives aux coups d’Etat électoraux sur le continent africain – cas de la responsabilité du groupe Bolloré dans les massacres perpétrés au Gabon –, l’aide au développement reste d’abord une affaire de chiffres d’affaires à augmenter. Les besoins des populations et la prise en compte de l’expertise de la diaspora et des étudiants dans ce processus ne sont pas les priorités. Or, la vision d’Emmanuel Macron veut justement inverser cet ordre de priorité françafricaine qui a fait tant de mal à l’Afrique.

TRIBUNe

ECHOS DU NORD N°430 du Lunedi 10 Avril 2017

8

Affaire succession Omar bongo Ondimba

BoA refile le dossier à ndoye Loury que mijote BoA ? Est-il si mal en point financièrement qu’il recourt aux services d’un sicaire des entreprises locales ? une affaire aux remous certains est en train de s’ouvrir. Par Ramsès Frank

C

’est par le biais d’une ordonnance du tribunal de Libreville publiée dans la rubrique « Annonces légales » chez notre confrère l’Union, que l’on a appris le changement d’administrateur dans la succession Omar Bongo Ondimba. L’ordonnance rendue par le président du tribunal, Fulgence Ongama, fait suite à une requête introduite par Bongo Ondimba Ali, qui a agi, selon l’ordonnance, en demande de remplacement de Maitre Estelle Brahime, qui jusque-là, était l’administrateur de la succession Omar bongo Ondimba, dès lors que Maitre Lydie Relongoué avait été mise hors circuit par le même Bongo Ondimba Ali en octobre 2015. Cette dernière est exilée dans

un pays étranger depuis cette période, avec en sus une plainte du même Bongo Ondimba Ali, chef de la Magistrature suprême, au tribunal de première instance de Libreville. Qui a été désigné en lieu et place de Maitre Estelle Brahime? Un syndic judiciaire appelé Athanase Ndoye Loury. Une précision de taille dans l’ordonnance : Ndoye Loury Athanase est désigné « avec les pouvoirs les plus larges d’avoir à administrer, gérer et liquider ladite succession tant au Gabon que dans tous les pays concernés ». Pour bien dire qu’il ne lui a pas été donné les « pouvoirs les plus larges » pour rien, Fulgence Ongama a ordonné « l’exécution provisoire de l’Ordonnance à intervenir au seul vu de la minute, avant enregistrement et nonobstant toutes voies de recours ». En clair, dès aujourd’hui, Ndoye Loury peut

se mettre sur le pied de guerre et commencer à racketter les sociétés en affaire avec Delta Synergie une à une, vu que même en cas de recours d’un des héritiers, l’ordonnance lui garantit la continuité de ce qui peut apparaître comme des actes aux antipodes de la légalité. De légalité parlons-en. Si l’ordonnance reconnaît en Bongo Ondimba Ali, en tant qu’héritier réservataire et légataire universel de cette succession, la capacité de saisir les tribunaux pour demander le remplacement d’un administrateur, il ne semble pas, au prime abord, que ce dernier soit autorisé à faire fi de la volonté de l’autre héritière réservataire et légataire universelle, Pascaline Mferri Bongo Ondimba, et de la somme des autres héritiers réservataires au nombre de 51 environ. Un détail qui encombre cette procédure, c’est la qualité et la

compétence de la personne désignée par le Tribunal de première instance de Libreville, avec l’approbation de Bongo Ondimba Ali : Athanase Ndoye Loury, un syndic judiciaire et non pas un notaire, alors que le Gabon en compte en nombre. De surcroît, le domaine successoral est bien balisé. Il semble qu’il ne soit réservé qu’aux seuls notaires. Il est curieux que le docteur en droit « des affaires de la mer » que serait Bongo Ondimba Ali n’ait pas fait attention à ce détail. Il se pourrait que certains aspects du droit en matière d’administration des successions aient été réécrits, et que BOA seul en ait la quintes-

sence pour le moment. Au-delà de tout, la réputation de Ndoye Loury laisse à désirer. En juillet 2014, cet homme a été écroué à la prison centrale de Libreville pour avoir spolié des entrepreneurs en utilisant ses qualités de syndic judiciaire. Cela s’est avéré être une escroquerie organisée. Dans le même style que celui qu’il avait utilisé pour siphonner ING Consulting entre 2008 et 2010, une entreprise dont le promoteur était Félix Bongo. Toutes ces affaires sont encore pendantes au tribunal de grande instance de Libreville. Elles ont toutes la particularité d’avoir mis l’intéressé en minorité, devant les

mêmes instances. C’est cet homme, dont tout le Gaon connaît les affaires sulfureuses, qui a été désigné par les instances judiciaires de BOA. La bonne question est : que mijote BOA en lançant Ndoye Loury dans la succession Omar Bongo Ondimba avec des « larges pouvoirs » ? À en croire certains, BOA aurait de sérieux soucis financiers, les caisses de l’Etat étant vides et Accrombessi parti. A n’en point douter, cette affaire aura des remous certains. Car il serait naïf de croire que tous les héritiers laisseront BOA agir comme s’il était l’unique héritier de cette succession.

La Commission de lutte contre l’enrichissement illicite se trompe de cible

D

es bruits qui sortent de cet édifice feraient rougir de honte. Certains conseillers se livreraient à des opérations peu amènes. Ainsi des entrepreneurs seraient sommés de distribuer des subsides en échange de leur tranquillité. Des opérateurs étrangers seraient particulièrement visés et quelques petits poissons gabonais. De nombreux opérateurs seraient très réfractaires à cette forme de chantage où, plutôt que de s’astreindre à leurs missions, des membres de la Commission chercheraient à s’enrichir illicitement. Tout cela est, semble-t-il, mis sous le couvert de l’opération Mamba où des dérives se font de plus en plus jour. Dans cette affaire, les vrais voleurs sont connus, certains d’entre eux ont même été dénoncés publiquement par des personnes autorisées. C’est le cas de Billie By Nze, au-dessus de qui est supendu un détournement de 400 millions de FCFA. La Commission se perd en conjectures, au lieu de se mettre en branle. C’est plutôt vers de paisibles citoyens gabonais qui n’ont rien à se reprocher que se tournent des limiers de la Commission et des complices tapis à la DGR ou à la PJ. Nous y reviendrons. UNIONNATIONALE

Le Gabon pour Tous N° ________/UN/P/ZM/17

REPUBLIQUE GABONAISE UNION-TRAVAIL-JUSTICE

Libreville, le 06 Avril 2017

Le Président A TOUS LES MILITANTS DE L’UNION NATIONALE Le Bureau National de l’Union Nationale, réuni en séance ordinaire le Mardi 04 Avril 2017, est revenu sur les conclusions du Conseil National extraordinaire du 22 Octobre 2016 et principalement sur la décision de non participation du parti au dialogue politique organisé à l’initiative de Monsieur Ali BONGO ONDIMBA. Pour rappel, le Conseil National du parti est l’organe national délibérant qui prend dans l’intervalle du Congrès, toutes les décisions relatives au fonctionnement et à la vie du parti et du pays. Ses décisions, comme les choix politiques du parti, s’imposent à tous les adhérents de l’Union Nationale qui s’engagent à les respecter conformément à l’alinéa dernier de l’article 4 de nos Statuts. Par ailleurs, seul le Président de l’Union Nationale a autorité pour représenter le parti à l’intérieur et à l’extérieur du Gabon. Par conséquent, la participation de militants de l’Union Nationale quels qu’ils soient aux réunions de ladite parodie de dialogue est un acte d’indiscipline portant atteinte à la cohésion du parti. Le Bureau National interpelle tous les militants du parti à la bonne lecture et au respect des dispositions des Statuts et du Règlement Intérieur notamment le préambule, les articles 4, 6, 15 et 37 de nos Statuts. La force et la cohésion du parti sont au prix du respect des textes auxquels tous, nous avons consenti en adhérant à l’Union Nationale. Il ne saurait en être autrement. Enfin, le Bureau National a décidé de la convocation du Conseil de Discipline et du Mérite pour statuer sur les cas de Messieurs Mike Steeve JOCKTANE, Patrick EYOGO EDZANG et Marcel BIKO’O MOUSSAVOU respectivement Vice-président chargé de la supervision des Secteurs Santé, Travail et Emploi ; Trésorier Général et militant ancien Coordonnateur Adjoint du Mouvement National des Jeunes. Zacharie MYBOTO

EDN 430_10.04.2017.pdf

S'inspirant des méthodes de. Blaise Compaoré, le dictateur. Ali Bongo agite la menace du. remaniement gouvernemental et. de l'ouverture à l'opposition.

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