CELS Jules 1865-1938

Jules Jean CELS naît le 18 novembre 1865 à Figeac (Lot). Il meurt le 24 octobre 1938 à Paris (18e). « Pris de malaise rue de la Michodière, M. Jules Cels, ancien député du Lot-et-Garonne, ancien soussecrétaire d’État, est mort à l’hôpital Bichat, où il avait été transporté » (Le Populaire, 26-10-1938).

© Bibl. Lettres et Sc. humaines ENS

Agence Meurisse, 1917 (Gallica)

Fils de Marie CELS. La mère est née le 2 mai 1839 à Figeac, où son père est cultivateur. Célibataire. Tailleuse de robes à Figeac. « Père inconnu », selon l’acte de naissance. La famille s’installe à Agen (Lot-et-Garonne) avant qu’il ait 5 ans. Par acte du 17 août 1899, il est reconnu et légitimé par Joseph Couybes et Marie Cels. Joseph Couybes est homme d’équipe à la gare d’Agen. Jules portera toute sa vie – d’enseignant puis d’homme politique – le nom de Cels.

Mariage avec Marguerite Marie Léonie CAUSSÉ le 18 juillet 1900 à Toulouse. Sous le nom de Jean Jules Couybes. L’épouse est née le 8 décembre 1875 à Toulouse. Fille d’Alphonse Brice Caussé, industriel, né vers 1841, et de Marie Anne Antoinette Léonie Pauline Rochas, née vers 1848 ; vivants en 1900. Témoins au mariage : Georges Thomas, 58 ans, et Jérôme Sirven, 63 ans, industriels ; Camille Ournac, 55 ans, sénateur de la Haute-Garonne ; Théodore Lespieau, 71 ans, général de division. Aucun n’est parent des époux. Une sœur de l’épouse se mariera le 26 décembre 1900 à Toulouse avec Robert Lespieau (ENS 1886), fils du général et futur nécrologue de Jules. Robert Lespieau, 1864-1947. Professeur de chimie à la faculté des sciences de Paris et à l’École centrale. Membre de la section de chimie de l’Académie des sciences (élu en 1934). Veuve le 24 octobre 1938, elle bénéficie d’une pension de reversion de 15744 francs, avec jouissance du 25 octobre 1938 (décret du 26 janvier 1939).

Pas d’enfant. Études primaires dans une école communale laïque d’Agen. Dans « la première école laïque fondée à Agen » (Le Citoyen libre, 10 avril 1932).

Élève au lycée d’Agen de 1877 à 1881. Diplôme de l’enseignement spécial le 30 juillet 1881.

Admis par concours dans l’administration des Ponts et chaussées en 1882. Il y entre en mars 1882, comme employé secondaire. Baccalauréat ès sciences complet le 31 juillet 1883. Il a préparé seul l’examen. Entré au lycée de Cahors le 1er octobre 1883. Nommé aspirant-répétiteur au lycée le 10 décembre 1883. Puis au lycée de Guéret selon Lespieau ; non signalé dans les CV de Cels. Entré en avril 1884 (sans doute en math spé) au lycée de Bordeaux. Boursier de l’État. Admissible à l’X en 1885 (classé 387e ; le dernier admis est le 233e). Non candidat à l’ENS en 1885.

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 novembre 2016

Élève de spéciales au lycée de Bordeaux en 1885-86. Classe de Lagrandval (ENS 1849). Il est en même temps maître auxiliaire au lycée (23 novembre 1885).

Admis à l’ENS en 1886 (25e admissible sur 51, 9e au concours, 7e entrant sur 20). Il passe le concours à Bordeaux. C’est sa première candidature. Admis 218e à l’X.

Agrégé de mathématiques en 1889 (5e sur 13). Docteur ès sciences mathématiques le 29 octobre 1891 à Paris : Sur les équations différentielles linéaires ordinaires. Jury : Darboux (président), Picard, Poincaré. Dédicace : « À M. Jules Tannery, directeur des études scientifiques à l’École normale supérieure ». Boursier de la ville de Paris pour le Doctorat.

Carrière Aspirant-répétiteur, maître auxiliaire. Élève de l’ENS. 01-11-1886. Boursier d’études de la ville de Paris, à la section des Hautes études scientifiques, de 1889 à 1891. Pendant cette période, il donne des interrogations à Saint-Louis et Louis-le-Grand et assure, sans nomination, un intérim à Henri IV.

Professeur de math spé au Prytanée militaire.

05-10-1891 (succède à Blutel)

18 élèves en 91-92, 10 en 93-94.

Professeur de math au lycée Condorcet.

24-08-1894 (installé le 02-10)

Classes de 3e, seconde et rhétorique.

Délégué dans les fonctions de prof de math élém sup au lycée Louis-le-Grand.

21-01-1895

Il supplée Goulin, qui lui-même supplée en spéciales Niewenglowski, nommé IA. 35 élèves.

Professeur de math élém au lycée Lakanal.

02-08-1895

Classes de math élém et de philo. De 6 à 15 élèves au total. Il demande sans succès, en 1897 la chaire de Centrale de Condorcet, et en 1898 une place d’examinateur au concours de Saint-Cyr.

Professeur de math élém supérieures au lycée Condorcet. 05-10-1899 (succède à E. Cahen) 10 élèves. Classe supprimée à la rentrée 1901.

Professeur de math élém au lycée Louis-le-Grand

03-10-1901

Il est nommé pour suppléer Ferval, lui-même nommé comme suppléant à Saint-Louis. Sa nomination suit le refus du congé qu’il avait demandé à partir du 1er octobre afin de « consacrer mon année de liberté à l’œuvre de relèvement agricole de mon pays » et « prendre part aux luttes politiques et aux polémiques qui en seront la conséquence », comme il le rappellera au vice-recteur Liard en refusant de prendre possession de son poste (lettre du 20 octobre). Liard, qui l’avait longuement reçu, suggère au ministre de le déférer devant le Conseil académique pour refus de service. Cels obtiendra finalement un congé d’inactivité sans traitement du 01-10 au 31-12-1901, suivi d’un congé d’inactivité avec traitement (200 F, lui conservant ses droits à une retraite) du 01-01 au 30-09-1901. Il prend ses fonctions à Louis-le-Grand le 1er octobre 1902, dans la 2e division (Bioche a la 1ère) de math élém (de maths à partir de 1905), préparatoire au bac ès-lettres mathématiques. Il bénéficie de trois congés d’inactivité avec traitement (100 F) du 10-04 au 27-05-1906, à l’occasion d’une candidature aux élections législatives. IG Niewenglowski : « Quand M. Cels n’est pas dérangé par ses campagnes électorales qui jusqu’ici ne lui ont d’ailleurs pas réussi, il est un excellent professeur » (janvier 1907). Congé à traitement plein, pour raisons de santé, du 26-01 au 09-02-1909. Pendant cette année scolaire, 39 absences s’ajoutent à ce congé. L’effectif chute de 33 à 23. Les parents demandent que leurs enfants soient dans la classe de Bioche. Les mesures autoritaires échouent, et la classe de Cels n’a que 10 élèves à la rentrée de 1909, que Cels ne fait pas : malade, il est resté en province, et ses 10 élèves suivent le cours de Bioche, puis Dessenon, retraité, remplace Cels. Des parents le soupçonnent d’assister en fait au congrès radical de Nantes. Congés (2 mois à traitement plein puis demi-traitement) du 04-10-1909 au 19-03-1910. Son congé pour raisons de santé est renouvelé en décembre. Le 6 mars 1910, La Dépêche de Toulouse annonce qu’il est à Agen, et sera candidat aux prochaines élections. Le 15 mars, certificat médical à l’appui, il demande la prolongation de son congé jusqu’à la fin de l’année scolaire, avec demi traitement (« mes ressources sont des plus modestes »). Les vacances de Pâques vont du 19 mars au 5 juin. Le 24 mars, il demande un congé pour la campagne électorale, lequel lui est accordé, selon l’usage, avec un traitement permettant seulement de conserver les droits à pension. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 novembre 2016

Congés (avec traitement 100 F) du 05-04-1910 au 31-05-1910. Élu le 8 mai, il est officiellement député à partir du 1er juin 1910. Le congé d’inactivité d’un an qu’il demande pour conserver ses droits à la retraite lui est refusé : en vertu de la loi du 30 novembre 1875, l’exercice des fonctions publiques rétribuées sur les fonds de l’État est incompatible avec le mandat de député.

Admis à la retraite (décret du 20 avril 1916) à partir du 18 novembre 1915 (jour de ses 50 ans), par application de la loi du 30 décembre 1913. Ancienneté : 21 ans, 4 mois, 26 jours (2 ans, 11 mois et 26 jours de services militaires et 18 ans, 5 mois de services civils), donnant droit à une pension de 2229 francs (décret du 9 octobre 1916, où il est nommé Cels-Couybes). Cels demande (en 1922 ?) à bénéficier des dispositions d’une loi du 21 octobre 1919 qui lui permettraient, par un versement rétroactif de retenues (1775 francs dans son cas), de valider la période du 1er juin 1910 au 17 nov. 1915. Le service des pensions, puis en 1924 le ministère des finances, rejettent cette demande pour insuffisance d’ancienneté à la date de l’élection. Cels obtiendra satisfaction en 1930, en vertu d’une loi du 30 décembre 1928 permettant de valider la période où il a été député. Son ancienneté est portée à 35 ans, 4 mois et 26 jours. Mais il doit verser 8887 francs de retenues rétroactives et rembourser les 27048 francs de pensions perçues entre 1919 et 1924 puisque, député, il était en activité. Sa pension étant portée ainsi à 19177 francs de 1924 au 1er juillet 1919, et ensuite à 22377, on peut essayer d’évaluer son bénéfice, sachant que le versement sera suspendu de 1928 à 1932 (il est à nouveau député) et qu’il meurt en 1938.

Carrière politique Le 8 janvier 1898, le journal L’Avant-garde républicaine-socialiste du Lot-et-Garonne proteste contre le « ministre stupide et réacteur » qui, ayant refusé à « notre excellent camarade et ami Jules Cels » le congé qu’il demandait, l’empêche de se présenter aux élections législatives Élections générales législatives d’avril-mai 1906. Candidat radical-socialiste (4863 voix), il se désiste au second en faveur du député sortant, le républicainradical Dauzon, qui est élu. Élections générales législatives des 6 et 20 mai 1906. Il obtient 4753 voix et se désiste en faveur de Dauzon, qui est élu. Renouvellement des 24 avril et 8 mai 1910. Cels crée à cette occasion son journal, Le Citoyen libre, à Agen (voir plus bas). Il est élu député au 2e tour, par 9707 voix contre 7153. Il s’inscrit au groupe de la gauche radicale. Élections générales législatives du 26 avril 1914. Réélu député au premier tour, par 8535 voix contre 6865 au maire d’Agen. Il s’inscrit au groupe radicalSite de l’Assemblée nationale socialiste. Sous-secrétaire d’État dans le deuxième gouvernement Clemenceau : à la Marine de guerre du 17 novembre 1917 au 19 novembre 1918 ; aux Travaux Publics et Transports et à la Marine marchande du 19 novembre 1918 au 18 janvier 1920. Élections générales législatives du 16 novembre 1919, au scrutin de liste. Réélu député avec 25194 voix sur 58160 votants, deuxième de la liste d’Union des républicains pour le relèvement national conduite par Georges Leygues ; la liste concurrente socialiste n’a aucun élu. Inscrit au groupe radicalsocialiste. Maire d’Agen de 1919 à 1922. Président du conseil général du Lot-et-Garonne. Entre les deux guerres (dates exactes non trouvées. Élections sénatoriales du 6 janvier 1924. Sa liste est battue. Élections générales législatives du 11 mai 1924. Il est 2e de la liste conduite par Georges Leygues, qui est seul élu. Renouvellement des 22 et 29 avril 1928, au scrutin d’arrondissement. Élu député d’Agen au 2e tour, par 8449 voix contre 6593. Inscrit au groupe de la gauche radicale Élections générales des 1er et 8 mai 1932. Battu au 2e tour, par 6731 voix contre 9204 au candidat radical-socialiste. Élections générales des 26 avril et 3 mai 1936. Battu dès le 1er tour avec 2538 voix. Le candidat communiste est élu au second tour. Il existe à Agen une rue Jules Cels. Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 novembre 2016

Membre de la SMF de 1896 à 1902. Franc-maçon (membre du Grand Orient). Président de la Fédération générale de la mutuelle indépendante dès sa création (1911). Président de la Ligue générale des eaux (élu en 1922, réélu chaque année au moins jusqu’en 1932).). Président de la société mutualiste L’Avenir du prolétariat (élu en 1924). Membre de l’Académie diplomatique internationale (1930). Publications. Sa thèse. Gauthier-Villars, 1891, 79 p. et Annales scientifiques de l’ENS, 1891, p.341-415. CR des séances de l’Académie des sciences. Cinq notes, présentées par Darboux. « Sur les EDL ordinaires » : t.111, 15 juillet 1890, p.98-100 ; t.115, 12 décembre 1892, p.10571059 ; t.116, 30 janvier 1893, p.176-178. « Sur une classe d’EDL ordinaires » : t.111, 8 déc. 1890, p.879-881 ; t.112, 4 mai 1891, p.985-988.

Revue de mathématiques spéciales. « Note sur les fonctions implicites », 6e année, n°5, février 1896, p.321-324.

Nécrologie normalienne de son camarade de promotion Georges Wilhelm, 1891. Georges Wilhelm, 1865-1890. Professeur de mathématiques au lycée de Constantine.

« La Mutualité Indépendante », Les opinions sociales, politiques, littéraires, 1ère année, n°1, mars 1911, p.7-8. Préface à J. Vaschalde (capitaine de frégate), Marine et guerre navale, Masson, 1920, 327 p. Nombreux articles dans Le Citoyen libre. « Hebdomadaire », « organe de la démocratie républicaine ». Créé en 1910 par Cels, qui est indiqué comme « directeur et gérant » sur les exemplaires consultables sur Gallica (7 de 1914, 15 de 1923, 2 de 1924, 4 de 1928, 6 de 1932) et signe les éditoriaux. La parution semble irrégulière ; le n° 3 de 1923 est daté du 7 octobre. Les derniers numéros consultables sur Gallica sont les numéros 1 à 6 de 1932 (3, 10, 17 et 24 avril ; 1 et 8 mai).

Sources. Dossier Jules Jean Cels, F/17/23246, aux Archives nationales. Nécrologie normalienne par son camarade de promotion Robert Lespieau, 1939. Robert Lespieau, 1964-1947. Professeur de chimie à la faculté des sciences de Paris et à l’École centrale. Académie des sciences (1934). Les épouses de Lespieau et Cels sont sœurs.

« Cels-Couybes (Jean-Jules) », Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, PUF, 1966-1968. « Les titres de M. Jules Cels », Le Citoyen libre, 10 avril 1932.

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 novembre 2016