A propos de la Paracha… par Rav Yaakov Hillel Rosh Yechivat Ahavat Chalom

PARACHAT VAYIKRA Assez humble pour recevoir la Torah Sur les côtés « HaChem appela Moché et HaChem lui parla de la Tente d’Assignation en disant » (Vayikra 1 :1). Le troisième livre de la Torah commence par le mot Vayikra « Il [HaChem] appela». Dans le Sefer Torah, le aleph, la dernière lettre de ce mot est plus petite que les autres lettres. Nos Sages analysent les raisons de la taille particulière de cet aleph qui est porteur d’une importante leçon (voir Zohar, vol 1, p 239 et al). Le Baal hatourim écrit que le petit aleph est la conséquence de l’exceptionnelle humilité de Moché Rabbenou. Plutôt que d’écrire Vayikra, un terme qui laisse entendre qu’il fut personnellement convoqué au Michkan, Moché souhaitait écrire vayiker, sans aleph, qui signifie, « Il se trouva par hasard ». Ce mot que l’on retrouve dans la prophétie de Bilam (Bamidbar 23 :4) aurait donné l’impression que HaChem avait interpellé Moché au cours d’un rêve. HaChem insista toutefois pour que le aleph apparaisse dans le Sefer Torah (commentaire sur Vayikra 1 :1, voir Vayikra Rabba 1 :13). Moché n’était pas un prophète comme les autres. Le peuple juif n’avait pas connu et ne connaîtra jamais plus un prophète de la dimension de Moché Rabbenou, à propos duquel la Torah témoigne « Je lui parle face à face, dans une claire apparition et sans énigmes ; c'est l'image de D-ieu même qu'il contemple » (Bamidbar 12 :8). 1

Le livre de Chemot évolue presque entièrement autour de la personne de Moché. Il relate en détail les circonstances de sa naissance au foyer d’Amram et Yokheved, ses jeunes années, son mariage et sa nomination de rédempteur d’Israël, le don de la Torah et la construction du Michkan, lieu de résidence de la présence Divine, dans le désert. Le statut privilégié d’émissaire, désigné par D-ieu lui-même, aurait pu naturellement conduire Moché à se considérer comme le superviseur de la Torah et des mitsvot sur terre, comme gérant principal du Michkan. Moché Rabbenou était un homme d’une toute autre dimension : il se plaçait dans la situation d’un invité, qui attend patiemment et poliment que son hôte l’invite à entrer. Malgré son rôle prépondérant dans la construction du Michkan et la nature exceptionnelle de sa relation avec HaChem, Moché n’envisageait pas la possibilité d’y pénétrer de son propre chef, sans y être convié (voir Midrach Tan’houma et Midrach hagadol). Rabbi Yaakov Scali, un disciple du Rachba, écrit que Moché Rabbenou, le grand dirigeant du peuple juif fuyait le pouvoir et l’autorité. Lorsque HaChem se révéla à lui pour la première fois au buisson ardent, lui ordonna d’affronter Pharaon et de libérer le peuple juif de l’esclavage, Moché n’accepta pas cette mission de gaité de cœur. Il avança différents arguments pour faire valoir son incapacité à assumer cette responsabilité. Il demanda même à HaChem d’envoyer son frère Aaron à sa place. Sept jours d’un intense travail de persuasion furent nécessaires pour que Moché accepte la mission que HaChem lui destinait (voir Rachi sur Chemot 4 :10,13). Même après avoir cédé à la volonté du Tout-puissant, Moché rentrait chez lui après avoir accompli l’ordre de HaChem jusqu’à ce que HaChem le rappelle et lui dise « Pourquoi restes-tu chez toi ? Va chez Paro ! » (Voir Midrach Tan’houma, Vayikra 3). Ce processus continua jusqu’au mont Sinaï. Moché essayait de se dérober à des responsabilités supplémentaires mais HaChem lui ordonna immédiatement de monter sur la montagne (Chemot 19 :3). Le scénario se répéta lorsque le tabernacle fut achevé. Moché s’éloigna et s’assit « sur le bord du terrain », comme s’il était un juif ordinaire. HaChem lui dit « Tout ce que J’ai fait, toute la construction complexe du Michkan et de ses ustensiles, Je l’ai fait uniquement dans le but de te parler et toi tu vas t’asseoir sur le côté ? Viens ici, près de Moi » comme la Torah dit « HaChem appela (Vayikra) Moché ». Moché était d’une humilité extrême. Il fuyait constamment l’autorité, qui se rappelait sans cesse à lui (voir Vayikra Rabba 1 :5). Cette grande humilité conduisit Moché à éliminer le aleph de Vayikra. Lorsque le Tout-puissant insista pour l’intégrer au texte, Moché le réduisit, minimisant ainsi sa propre importance (Torat haMichna, Derouch 35).

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Une réception dans l’humilité L’exceptionnelle humilité de Moché le rendit digne de recevoir la Torah de la bouche même du Tout-puissant et de la transmettre aux futures générations du peuple juif comme l’enseignent les paroles de nos Sages « Moché reçut la Torah du Sinaï » (Avot 1 :1). Le 'Hida soulève une question intéressante concernant la terminologie de nos Sages. Pourquoi disent-ils que Moché a reçu la Torah « du Sinaï » ? Le Sinaï n’était qu’un site géographique, si l’on peut s’exprimer ainsi. Moché reçut la Torah au Sinaï pas du Sinaï. La formulation de nos Sages est particulièrement pertinente car c’est effectivement grâce au Sinaï que Moché reçut la Torah. Le mont Sinaï n’était pas une des plus importantes montagnes du monde. Il n’était qu’un monticule discret, sans relief ni aucun signe particulier. Nos Sages enseignent que c’est précisément cette discrétion qui lui valut le privilège d’être désigné pour être le lieu où HaChem se révélerait à l’humanité tout entière. Nos Sages disent « Le Saint, béni soit-Il, passa en revue toutes les montagnes et les collines et fit reposer Sa présence sur le Mont Sinaï et le Mont Sinaï n’était ni grand ni puissant » (Sota 5a). HaChem apprécie la modestie et méprise l’orgueil. Le Mont Sinaï était un symbole d’humilité, l’antithèse de l’orgueil. Ce trait de caractère fit de cette petite montagne le lieu idéal pour le Don de la Torah. Nos Sages comparent la Torah à l’eau. L’eau n’évolue pas dans un mouvement ascendant, elle s’écoule vers le bas. Si nous souhaitons acquérir la Torah, nous devons faire preuve de modestie et d’humilité. L’arrogance fait fuir la Torah alors que l’humilité l’attire (Taanit 7a). Moché Rabbenou était sincèrement et profondément humble. Il trouva dans le choix qu’HaChem fit d’une petite montagne pour donner la Torah, une justification au fait d’avoir lui-même été désigné pour recevoir la Torah. De son point de vue, si HaChem a choisi une montagne insignifiante pour y donner la Torah, il était parfaitement logique qu’Il le désigne lui, homme simple et modeste, pour recevoir la Torah. C’est en ce sens que Moché reçut effectivement la Torah du Sinaï (voir Lev David chap. 32). Le Sinaï est représentatif de l’humilité indispensable à la Torah. Le Mechekh 'hokhma (Chemot 3 :11) explique que la présence Divine résidait sur Moché Rabbenou au plus haut niveau auquel un homme peut prétendre. « Mais il n’y eut plus, en Israël, un prophète tel que Moché, avec qui le Seigneur avait communiqué face à face » (Devarim 34 :10). Il mérita ce privilège en raison de son humilité « L’homme Moché était très humble, plus que n’importe quelle autre personne sur la surface de la terre » (Bamidbar 12 :3). Le niveau de prophétie de Moché était directement proportionnel à son extraordinaire humilité. Cet homme si 3

humble devint par conséquent le plus grand prophète de tous les temps. Il resta, néanmoins, aussi humble même après que le Tout-puissant lui ait accordé la prophétie (Torat Cohanim 1 :12). Moché avait réalisé de nombreux miracles et parlé avec HaChem « face à face ». Il savait certainement qu’aucun être humain ne lui était comparable. Se considérait-il vraiment comme inférieur même à un enfant ? La réponse se trouve dans la compréhension profonde que Moché avait du Toutpuissant. Il Le connaissait si bien, qu’il était capable de mesurer réellement à quel point l’être humain, quel qu’il soit, est petit lorsqu’on le compare à D-ieu. HaChem fait reposer Sa présence uniquement sur un individu humble (Nedarim 38a) exactement comme il le fit au Sinaï, la plus humble des montagnes.

Prêt à recevoir Rabbi Yossef Irgas traite de la grandeur de l’humilité et de la bassesse de l’orgueil (Pri megadim, Ot aleph, voir aussi Iguéret haRambam). Il écrit que l’arrogance est à l’origine de toutes les mauvaises midot (trait de caractère). A contrario, l’humilité, son opposé direct, constitue la base de toutes les bonnes midot. Nos Sages enseignent que le Derekh Erets ou, en d’autres termes, les bonnes midot, ont précédé la Torah (Vayikra Rabba 9 :3). Le meilleur moyen de nous rendre dignes de recevoir la Torah est d’améliorer nos midot. Le Maharal explique que c’est dans cet objectif que l’étude des Pirke Avot (les Maximes de nos Sages) pendant les Chabbatot qui séparent Pessa’h et Chavouot a été instituée. Les enseignements de Avot traitent des midot et de l’évolution du caractère. L’étude de ces michnayot, constitue une préparation idéale au don de la Torah qui a lieu tous les ans pendant la fête de Chavouot (Derekh ‘Hayim, chap. 6). La Torah est l’expression de la Sagesse Divine qui est spirituelle, abstraite, intangible et ne peut résider chez un individu au caractère défectueux. Nos Sages enseignent que Moché reçut la Torah précisément du Sinaï car il partageait avec la montagne ce trait de caractère, l’humilité, qui leur permit de mériter le don de la Torah.

Réception et transmission La formulation que nos Sages ont choisie pour décrire la transmission de la Torah de Moché aux générations futures soulève une question supplémentaire. Ils écrivent « Moché reçut la Torah du Sinaï et la transmit à Yehochoua et Yehochoua aux Anciens et les Anciens aux Prophètes et les Prophètes la transmirent aux 4

Hommes de la Grande Assemblée. A propos de Moché, la Michna dit « reçut » ; audelà, la diffusion de la Torah n’est plus décrite comme une réception mais comme une transmission. Pour quelle raison Moché fut-il le seul à recevoir la Torah ? En apparence, son humilité inégalée faisait de lui le seul être humain né, vivant ou à naître, digne de recevoir la Torah dans son intégralité. Cette distinction particulière n’était pas due à son niveau de sagesse ou de prophétie, à sa perspicacité dans le domaine de la politique ou à son charisme éblouissant de plus grand dirigeant de tous les temps. Il la devait au seul trait de caractère que la Torah mit en avant « L’homme Moché était très humble, le plus humble de tous les hommes sur la surface de la terre » (Bamidbar 12 :3). L’humilité est un pré requis essentiel à la Torah. (Taanit 7a). La Torah enseigne à l’homme les méthodes qui lui permettront de rectifier et d’améliorer le monde dans son ensemble. La Torah, expression de la sagesse Divine, est si vaste et si profonde qu’elle contient des conseils pour toute l’humanité à travers les temps, les lieux et les circonstances. Pourtant, pour accepter et intégrer cette masse considérable de sagesse, l’individu doit d’abord comprendre qu’il est loin, très loin de la perfection et qu’il a beaucoup à apprendre et à améliorer. Un individu orgueilleux ne peut pas recevoir la Torah parce qu’il considère qu’il n’a pas grandchose à apprendre. Sa capacité à recevoir et à accepter est limitée du fait de sa méconnaissance de ses propres imperfections et des carences du monde. Moché atteignit un niveau de proximité avec le Tout-puissant qu’aucun homme n’avait jamais connu. Sa connaissance de la grandeur de D-ieu lui conférait une connaissance profonde de l’insignifiance humaine et fut à l’origine de cette immense humilité qui lui permit de percevoir les défauts qui affligent l’humanité et le monde. Cette prise de conscience, associée à sa modestie, fit de lui le seul récipiendaire possible, le seul homme capable de recevoir la Torah dans son intégralité. La Torah pouvait être donnée au Sinaï uniquement s’il y avait un homme digne de la recevoir dans son intégralité. Après l’avoir acceptée, Moché put la transmettre aux générations qui lui succédèrent même si elles n’étaient pas dignes de la recevoir exactement comme lui-même l’avait fait.

Profondément humble Le commentaire de Rabbi ‘Hayim sur les paroles de nos Sages « Quel est [l’homme] sage ? Celui qui apprend de toute personne » (Roua’h ‘Hayim sur Avot 4 :1) nous offre une perspective plus profonde de l’importance de l’humilité dans l’étude de la Torah.

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Quel et le lien entre la sagesse et la volonté d’apprendre d’autrui ? Il écrit : Quel est [l’homme] sage se réfère à l’individu auquel HaChem a accordé la sagesse en récompense de ses efforts. HaChem offre la sagesse au sage (Berakhot 55a) mais la première étape de la sagesse est la crainte du Ciel (Iyov 28 :28) que nous acquérons et développons par nous-mêmes (Berakhot 33b). Le premier niveau de crainte Divine est la conscience de notre propre insignifiance. Nous devons comprendre que toutes nos connaissances en Torah ne sont pas dues à notre brillante intelligence, mais simplement au fait qu’HaChem nous ait fait don de cette intelligence. Chacun peut recevoir un cadeau – même un individu que nous situons à un niveau bien inférieur au nôtre. Sa crainte d’HaChem est probablement très importante et lui permet de percevoir des notions que d’autres personnes, en apparence plus importantes, ne comprennent pas. Cette réalité nous pousse à « apprendre de toute personne » et à acquérir ainsi des connaissances qui nous feront toujours défaut si, par orgueil, nous refusons d’apprendre. La crainte de HaChem est le réceptacle de la sagesse et commence par faire preuve d’humilité en acceptant d’apprendre de toute personne. Si nous craignons HaChem et que nous sommes humbles, il nous accordera encore plus de sagesse. Le Roua’h ‘Hayim nous offre une dimension supplémentaire de la véritable humilité. Il explique que la notion d’humilité est bien plus profonde que le fait de tolérer les insultes et les humiliations. Cela signifie que l’on croit sincèrement n’avoir aucune valeur propre même en comparaison avec le plus petit des hommes. Un individu quelque peu intelligent comprend vite qu’en rapport avec les capacités dont il dispose, il n’a quasiment rien accompli. L’individu qu’il perçoit comme lui étant inférieur peut, par ailleurs, avoir exploité ses capacités au maximum, devenant ainsi plus méritant que celui qui n’a pas intégralement réalisé son potentiel. Nous retrouvons cette attitude chez Moché lorsqu’il refuse d’assumer le rôle de rédempteur d’Israël « De grâce, envoie par la main de celui que Tu enverras » (Chemot 4 :13). Rambam explique que Moché entendait par là que quel que soit l’individu que HaChem choisirait, il serait meilleur que lui-même ne le serait jamais. Le roi David disait que les simples servantes étaient plus appréciées de D-ieu qu’il ne l’était lui-même et qu’il se sentait honoré de la déférence qu’elles lui témoignaient (Chemouël 2, 6 :22). Toutefois, celui qui en son for intérieur, se considère comme un personnage important, même s’il s’applique à « ravaler » les insultes pour respecter le commandement qui lui enjoint d’être modeste, ne l’est pas réellement. Son humilité est simplement extérieure, il ne se vit pas comme un homme humble. L’individu qui considère avoir effectué son travail dans le domaine de l’humilité n’y est manifestement pas parvenu. L’homme qui est véritablement humble se considère toujours comme extrêmement orgueilleux. 6

Faire de la place pour la Chekhina Nos Sages enseignent que l’individu orgueilleux fait fuir la présence Divine (Berakhot 43b) et que le Saint, béni soit-Il, dit de cet homme « Lui et Moi ne pouvons vivre dans le monde » (Sota 5a). Pour quelle raison en est-il ainsi ? La terre est habitée dans ses moindres recoins par la présence Divine « Le monde entier est empli de Sa gloire » (Yechayahou 6 :3). L’orgueil est assimilé à une volonté d’usurper la place de D-ieu. Plus nous sommes orgueilleux, moins nous laissons de place à Sa présence, si l’on peut s’exprimer ainsi. Plus nous sommes humbles, plus la présence de HaChem peut se manifester dans ce monde. L’orgueil humain est incompatible avec la gloire Divine et doit être réduit à son niveau le plus bas. Rabbi ‘Hayim Palagi traite de l’obligation de nous rapprocher des Attributs du Tout-puissant d’une part et du caractère négatif de l’orgueil d’autre part (Nefech ha‘Hayim, Maarekhet guimel, Ot aleph). La Torah nous ordonne de nous rapprocher du Tout-puissant (comme dans Devarim 10 :12, 11 :22, 28 :9 et al). Nos Sages s’interrogent « est-il possible de se rapprocher de la présence Divine ? » Il est écrit (Devarim 4 :24) « Car HaChem ton D-ieu est un feu dévorant ». Ils expliquent que l’homme se rapproche du Tout-puissant en imitant ses attributs : HaChem habille les personnes nues, visite les malades, console les endeuillés et enterre les morts ; nous devons en faire autant (Sota 14a). L’orgueil est un des attributs Divins comme tant d’autres « HaChem règne, Il est vêtu de gloire » (Tehilim 93 :1). Devons-nous imiter cet attribut Divin, être conscients de notre supériorité comme Il l’est ? Comment le pourrions-nous s’il nous est interdit de ressentir de l’orgueil ? Nos Sages enseignent que l’orgueil est autorisé dans une certaine mesure. Un talmid ‘hakham (érudit en Torah) doit avoir le huitième d’un huitième d’orgueil (Sota 5a). Cette infime parcelle de respect de soi, un soixante quatrième, est essentielle au maintien de la dignité de la Torah qu’il enseigne et représente. L’appréciation de sa propre valeur en tant qu’étudiant de la Torah et de serviteur de HaChem, dans le sens de « son cœur était fier dans les chemins de HaChem » (Divrei hayamim 2-17 :6) est indispensable pour accomplir les mitsvot en gardant la tête haute plutôt que de se cacher lorsque les autres nous qualifient ironiquement de « trop religieux » (voir les commentaires du Rama sur Ora’h ‘Hayim 1 :1). L’orgueil reste malgré tout un attribut Divin qui se distingue des autres. Lorsque nous imitons l’attribut Divin de ‘hessed (bonté), nous élevons cet attribut dans le ciel et amenons la bonté sur notre monde. Lorsque nous défendons l’honneur de la Torah dans ce monde, nous renforçons l’attribut de guevoura (puissance). Notre attitude positive, modelée sur celle du Tout-puissant, devient un conduit de la bonté Divine.

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L’attribut d’orgueil Divin est le seul qui fasse exception à cette règle. Selon l’enseignement de nos Sages, l’orgueil humain et l’orgueil Divin sont littéralement opposés. L’expression de l’orgueil dans ce monde ne génère pas un influx d’orgueil Divin mais repousse la chekhina, l’empêchant de résider parmi nous, à D-ieu ne plaise.

Admiration artificielle L’orgueil est si préjudiciable à la Torah que le Roua’h ‘Hayim explique que nous devrions véritablement fuir les honneurs parce qu’ils nous mènent directement à l’orgueil. Celui dont le cœur contient ne serait-ce qu’une lueur d’arrogance sera incapable d’atteindre la Sagesse. C’est pour cela que nos Sages priaient « Laisse mon âme être [considérée comme] de la poussière pour tous et ouvre mon cœur à Ta Torah » (Berakhot 17a). Si les autres considèrent notre âme comme de la poussière, ils ne nous manifesteront aucun respect. Libéré de l’emprise de l’honneur, notre cœur sera réceptif à la Torah et aux mitsvot. Si malgré tout, des témoignages d’honneur nous sont adressés contre notre volonté, nous ne devrions pas en être affectés. A contrario, il nous faudra prendre conscience qu’en aucun cas nous ne méritons ces marques de respect (Roua’h ‘Hayim sur Avot 4 :1). Notre génération souffre d’une nouvelle forme d’honneur immérité : la célébrité fabriquée de toutes pièces par les médias écrits et audiovisuels. Les différents supports médiatiques peuvent porter une personne aux nues ou la traîner dans la boue. Malheureusement, certaines personnes sont si avides de reconnaissance ou de notoriété qu’elles feraient quasiment n’importe quoi pour retenir l’attention du public. Si elles accomplissent une mitsva, elles l’accompagnent d’un tapage médiatique qui leur garantit la une des journaux (avec photo). De cette manière, elles sont certaines que ce grand moment n’échappera à personne. Ce comportement est dangereux : si nous nous gonflons d’importance de cette façon, nous donnons au Tout-puissant mille raisons de nous atteindre. Nous serions mieux avisés de réaliser à quel point les honneurs indus peuvent être nocifs et se [nous] consumer comme un feu de paille.

Sur ses gardes Rabbi Tsvi Michel Chapira de Jérusalem, érudit et cabaliste, était un élève de Rabbi Yehochoua Leib Diskin, Rav de Brisk. Il se distinguait par le soin qu’il mettait à fuir les honneurs et la reconnaissance publique. On disait de lui qu’il considérait une 8

mitsva réalisée dans la discrétion comme cent fois supérieure à celle d’une mitsva réalisée en public. S’il était pris « la main dans le sac » en train d’accomplir une mitsva, il était anéanti. Pendant plusieurs années, il dormait pendant un court moment, se levait à minuit, s’immergeait dans un mikvé et consacrait le reste de la nuit à étudier. S’il constatait la présence de passants dans les environs, il se cachait dans une ruelle et attendait que la voie soit libre pour reprendre son chemin. Il pensait innocemment qu’en agissant ainsi, il réussirait à cacher ses nobles habitudes même dans la communauté étroitement soudée du Jérusalem de cette époque. Dans les dernières années de sa vie, Rabbi Tsvi Michel perdit son acuité visuelle et ses réflexes se firent moins vifs. Il lui devint plus difficile de se dissimuler à la vue des passants. Ses valeureux voisins ne voulaient pas lui causer de peine et lorsqu’ils le voyaient arriver, ils se cachaient pour lui permettre de poursuivre tranquillement sa route. Il ne sut jamais qu’il avait été démasqué. Nous le constatons, l’orgueil est contraire à l’esprit de la Torah et doit être absolument exclu de nos vies. L’humilité n’est pas simplement l’un des quarantehuit moyens d’acquérir la Torah (Avot 6 :6). Elle est la base, la clé de la Torah comme nous l’enseigne le comportement de Moché Rabbenou. Deux de nos grands Sages traitent de la manière de se comporter lorsque des honneurs indus nous sont témoignés. Rabbi Eliezer Papo, auteur du Pelé yoëts (Yaalzou ‘hassidim 15) et Rabbi Eliyahou David Rabinowitz-Temim, le Adéret, (Nefech David 3) parvinrent à la même conclusion à propos d’un enseignement intéressant de nos Sages « Si tu connais seulement un traité et que l’on te félicite pour ta connaissance de deux traités, tu dois préciser que tu n’en connais qu’un seul » (Talmoud Yerouchalmi Cheviit 10 :3). Ils expliquent que, de nos jours, nous ne sommes plus capables de respecter cette loi à la lettre. Imaginez que l’on vous félicite publiquement pour votre vaste connaissance du Chass et que vous protestiez vigoureusement « Je suis loin d’en savoir autant que vous le dites ». Votre remarque produira l’effet contraire et vous en êtes conscients. Au lieu de vous humilier, elle suscitera un tonnerre d’applaudissements en hommage à votre humilité. Nous serions plus avisés de ne pas réagir sur le moment, en nous remémorant qu’en réalité nous ne connaissons même pas un seul traité correctement. Nous devons travailler sur une véritable modestie, l’humilité intérieure, plutôt que sur les signes extérieurs qui sont en réalité une invitation à recevoir toujours plus d’honneurs. Le mauvais penchant est un adversaire brillant et puissant. Il connait mieux que nous nos propres faiblesses et établit ses plans d’attaque en fonction de nos carences. C’est pour cela que nous prions « Retire le Satan de devant nous et de derrière nous ». Il varie ses approches en fonction des circonstances et nous pousse à agir avec une humilité feinte qui n’est en réalité que l’expression de l’orgueil. A d’autres moments, il nous pousse à nous considérer comme des êtres insignifiants et faibles dont l’étude de la Torah ou l’accomplissement des mitsvot n’auront aucune répercussion sur eux-mêmes et sur 9

le monde. Puisque nous sommes si petits, pourquoi nous encombrer de toutes ces considérations spirituelles ? Cette humilité peut paraître très pieuse, elle n’est en réalité qu’un complot fomenté par le yetser hara pour freiner notre évolution spirituelle. Rabbi ‘Hayim de Volozhin affirme que nous devons ressentir une réelle humilité dans nos cœurs et considérer toutes les créatures, sans exception, comme plus valeureuses que nous. Si nous méconnaissons l’importance de la véritable humilité, nous ne parviendrons pas à une compréhension profonde de la Torah. Nous devons, toutefois, parvenir à cette conclusion par nos propres moyens et comparer ce que nous avons accompli avec ce que nous aurions pu accomplir au regard du potentiel que D-ieu nous a confié. Nous n’aurons probablement aucune raison de nous féliciter. Les autres exploitent très certainement de leur mieux les dons spécifiques que HaChem leur a accordé. Plutôt que de considérer nos capacités et nos réalisations comme insignifiantes, nous devrions prendre conscience que si nous exploitons nos capacités au maximum, nous sommes capables d’accomplir de grandes choses.

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Cette publication est dédiée au mérite et à la réussite de Sarah bat Catherine et de Moché ben Louna et leurs familles

Cet essai contient des Divrei Torah. Merci de le traiter avec le respect qui lui est dû.

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